Ce 23 mars, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont annoncé avoir conquis l'enclave de Baghouz encore tenue par Daesh, dans le gouvernorat de Deir ez-Zor dans le nord-est de la Syrie. Le porte-parole des FDS, coalition arabe à forte dominante kurde soutenue par les Etats-Unis, a affirmé que Daesh avait subi une «élimination totale» et une «défaite territoriale à 100%».
Le village de Baghouz, dans la banlieue de Deir-ez Zor, était sous la coupe des terroristes de Daesh depuis plusieurs années, avant d'être investi en janvier 2019 par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une vaste coalition composée de combattants arabes et kurdes de Syrie, soutenue par les Etats-Unis et leurs alliés. Les djihadistes avaient toutefois réussi à reprendre des positions. Depuis, le secteur a été lourdement pilonné malgré la présence de nombreux civils. Des dizaines de milliers de personnes ont fui, la plupart d'entre elles ayant été transférées vers le camp de déplacés d'Al-Hol (nord-est), où se trouvaient, à la mi-mars, plus de 66 000 personnes, selon le bureau de coordination humanitaire des Nations unies (Ocha).
Baghouz, occasion de redorer le blason de la coalition arabo-occidentale ?
La veille, le 22 mars, Washington avait largement relayé le succès annoncé des FDS. Le président américain Donald Trump s'était présenté aux journalistes avec une feuille de papier montrant l'extension de Daesh maximale en 2014, et une carte de la Syrie en mars 2019.
Le but de cette opération de communication serait-il de minorer le rôle déterminant de l'intervention de la Russie en Syrie à partir de la fin de 2015 ? Ce même 22 mars, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, avait déjà annoncé – par anticipation ? – la victoire des FDS sur le réduit de Baghouz tenu par Daesh, et plus largement dans la large portion du territoire syrien à l'est du fleuve Euphrate contrôlée par cette même coalition. Le représentant permanent de la Syrie aux Nations unies, Bachar al-Jaafari, avait réagi en qualifiant la déclaration de Washington de «bluff». «L'Etat islamique n'existe pas, si l'on commence par le titre. Il n'a jamais existé. Il n'est pas islamique, et cela n'est pas un Etat. C'est une poignée de terroristes venant du monde entier, qui sont arrivés en Syrie en traversant la frontière avec des pays voisins financés par des services internationaux de renseignement, y compris par la CIA et des services britanniques», a-t-il déclaré à Sputnik, lors d'une conférence de presse.
De son côté, le président de la République Emmanuel Macron a également salué, sur Twitter ce 23 mars, la chute du califat de l'Etat islamique, jugeant qu'un «danger majeur» pour la France avait été «éliminé». Mais d'ajouter, dans le même temps : «La menace demeure et la lutte contre les groupes terroristes doit continuer.»
Alexandre Keller