Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue ce 10 mars en Russie contre un projet de loi visant à doter le pays d'un internet indépendant. Une manifestation a été organisée, avec l'accord des autorités, à Moscou, et des événements de plus petite envergure se sont tenus à travers le pays.
La mobilisation dans la capitale a rassemblé 6 500 personnes selon la police, et 15 000 selon White Counter, une ONG de décompte.
La semaine dernière, la célèbre messagerie en ligne russe Telegram avait appelé ses utilisateurs à se rendre à cette manifestation. Sur son compte officiel, l'application avait affirmé que ce projet de loi visait notamment à «bloquer les réseaux sociaux et messageries étrangers». Telegram est actuellement en froid avec les autorités, celles-ci ayant cherché à fermer l'application, qui refuse de livrer l'accès aux correspondances de ses utilisateurs aux autorités comme le prévoit la loi.
Fait notable : les journalistes de certains médias se sont vu interdire la couverture de la mobilisation par ses organisateurs. Ces journalistes ont toutefois reçu la possibilité d'accéder à la manifestation... à condition de fournir une copie de leur lettre de démission du média où ils travaillent.
«Des gens se réunissent pour défendre la liberté de l'internet en Russie mais, ironiquement, RT n'a pas été autorisée à couvrir le rassemblement, les organisateurs nous ayant dit que nous faisions partie des médias qu'ils ne soutenaient pas», a rapporté Madina Kotchenova, reporter de RT qui s'est rendue sur place. De même, la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, a tourné en dérision, sur sa chaîne Telegram, l'étrange définition de la liberté de la presse à laquelle souscrivent les organisateurs de la manifestation, qui se présentent pourtant comme des défenseurs de la liberté.
Un projet de loi qui divise
Le projet de loi pour un internet indépendant prévoit, au nom de la lutte pour la sécurité informatique, d'empêcher les sites russes de fonctionner grâce à des serveurs étrangers. Cette proposition est considérée par ses détracteurs comme une tentative de contrôler les contenus, voire d'isoler progressivement l'internet russe.
Le 21 février dernier, le président russe Vladimir Poutine avait insisté sur le fait que la Russie n'avait pas l'intention d'isoler son internet du reste du monde. A l'inverse, Vladimir Poutine avait mis en garde contre les pressions américaines visant à isoler l'internet russe, et déclaré que la Russie devait se préparer face à cette menace. «Plus nous serons souverains, y compris dans la sphère digitale, le mieux ce sera», avait-il fait valoir.
Voté en première lecture par les parlementaires en février, le projet de loi devra encore être étudié plusieurs fois par les deux chambres du Parlement.
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