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Irak : une ONG dénonce la torture d'enfants accusés d'appartenir à Daesh

L'ONG Human Rights Watch dénonce de larges abus dans la condamnation d'enfants accusés d'appartenance à Daesh en Irak. Tortures et extorsions d'aveux feraient selon elle partie d'exactions courantes des autorités irakiennes.

En Irak, des enfants sont condamnés par les autorités pour leurs liens présumés avec le groupe Etat islamique à l'issue d'une procédure judiciaire «profondément biaisée», avec des aveux obtenus par la torture, dénonce ce 6 mars Human Rights Watch (HRW).

L'ONG de défense des droits humains publie un rapport fondé sur des entretiens avec 29 enfants irakiens actuellement détenus, ou qui l'ont été, par le gouvernement fédéral et les forces de sécurité dans la région autonome du Kurdistan irakien.

Après avoir déclaré fin 2017 la «victoire» sur Daesh, les autorités poursuivent hommes, femmes et enfants accusés d'appartenir au groupe djihadiste, coupable de multiples exactions dans le pays.

«Les contrôles, enquêtes et poursuites contre des enfants en tant que suspects de Daesh par les autorités irakiennes et le gouvernement régional kurde sont profondément biaisés, conduisant souvent à des détentions arbitraires et à des procès inéquitables», déplore l'ONG. Selon elle, de nombreux garçons ont été arrêtés sur la base de preuves fragiles, dans des camps ou à des points de contrôle.

Ils ont ensuite été battus, subissant des chocs électriques, sans avoir le droit de voir leurs proches ou d'obtenir une aide juridique, et forcés à faire des aveux sous la torture, selon HRW. «Ils me battaient avec des tubes en plastique. Ils ont dit que je devais dire que j'étais avec Daesh, alors j'ai acquiescé», raconte un garçon de 14 ans détenu par les forces de sécurités kurdes.

Nous étions battus tous les jours, chacun de nous

Si Daesh a recruté et endoctriné de nombreux enfants, la plupart de ceux qui ont été interrogés par HRW déclarent n'avoir jamais combattu avec les djihadistes. Ils ont été jugés sans avocat lors d'audiences de moins de 10 minutes qui se déroulaient en kurde, langue que les garçons arabes ne comprennent pas. Leurs condamnations au Kurdistan oscillent de six à neuf mois de prison ferme.

La justice fédérale a elle condamné des enfants jusqu'à 15 ans de prison et les a envoyés dans des prisons surpeuplées, aux côtés d'adultes, en violation des normes internationales. «Chaque jour était une torture. Nous étions battus tous les jours, chacun de nous», rapporte un adolescent de 17 ans ayant passé neuf mois en prison. Après avoir été libéré, beaucoup ne retournent pas chez eux de peur d'être de nouveau arrêtés ou de subir des représailles au sein de leur communauté.

HRW estime que les autorités irakiennes et le gouvernement régional kurde détenaient fin 2018 environ 1 500 enfants pour appartenance présumée à Daesh. Des centaines d'enfants, dont au moins 185 étrangers, ont déjà été condamnés pour terrorisme.

Pour Jo Becker, chargée des droits de l'enfant à HRW, il s'agit davantage d'une «vengeance aveugle que d'une justice rendue pour les crimes de Daesh». «Les enfants impliqués dans des conflits armés ont le droit d'être réhabilités et réintégrés, pas d'être torturés et emprisonnés», poursuit-elle. HRW appelle les autorités irakiennes à cesser d'arrêter des enfants pour appartenance à Daesh et libérer tous les mineurs, sauf en cas d'accusation de crimes violents.

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