Depuis l’officialisation de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à sa propre succession, l’Algérie vit au rythme d’importantes manifestations. Pour les contestataires, la perspective d’un cinquième mandat du président sortant algérien serait néfaste pour le pays. Interrogé en préambule sur la dernière sortie du vice-ministre algérien de la Défense et chef d’Etat-major de l’armée Gaïd Salah – ce dernier a accusé ce 5 mars les manifestants de ramener l’Algérie aux années de la guerre civile – le géopolitologue Adlène Mohammedi déplore une attitude «menaçante» : «C’est ironique. La responsabilité de la guerre civile elle incombe au pouvoir algérien qu’à la population algérienne qui manifeste pacifiquement.»
Certains invoquent l’exemple syrien pour faire peur aux manifestants algériens mais la configuration n’est absolument pas la même
Assurant que le président algérien ne pouvait pas être à l’origine des décisions qu’on lui prête en raison de son état de santé, Adlène Mohammedi estime que la promesse d’organiser une élection présidentielle anticipée après le scrutin du 18 avril «est une manière de temporiser […] afin de gérer la succession [d’Abdelaziz Bouteflika].
Par ailleurs, il se montre très prudent sur l’expression «printemps arabe» pour ce qui est du cas algérien : «Le printemps arabe recouvre des réalités assez différentes. Certains invoquent l’exemple syrien pour faire peur aux manifestants algériens mais la configuration n’est absolument pas la même. Cela n’a strictement rien à voir avec ce qui s’est passé en Syrie ou en Libye. La seule comparaison qui vaille serait une comparaison avec le voisin tunisien puisqu’il y a les même types d’aspiration…»
Il estime enfin que «toute participation à cette élection est synonyme de complicité ou d'aveuglement». La seule résolution de la crise politique passe selon lui par «le départ de l’équipe dirigeante» afin de remettre un «système politique viable».