Ce 4 mars, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répondu aux déclarations de Washington relativisant la souveraineté du Venezuela. La veille, le conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton avait ainsi justifié, sans ambages, le bien-fondé, selon lui, de l'ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures vénézuéliennes.
«Dans cette administration, nous n'avons pas peur d'utiliser les mots "doctrine Monroe"», avait lancé le conseiller, en référence à la stratégie régionale fixée en 1823 par le président américain James Monroe, qui vise à faire de l'Amérique latine la chasse gardée de Washington. «[Le Venezuela] est un pays qui est dans notre hémisphère. C'est l'objectif des présidents américains, depuis Ronald Reagan, d'arriver à un hémisphère complètement démocratique», a-t-il ajouté sans détour.
Je suis persuadé que les Etats d'Amérique latine vont réagir
«La théorie et la pratique de "l'arrière-cour" sont insultantes», a asséné en réponse Sergueï Lavrov, cité par l'agence Tass, rappelant que, depuis la doctrine Monroe, l'Organisation des Nations Unies avaient été créées après la Deuxième Guerre mondiale pour garantir le droit international et la souveraineté des Etats membres.
«Je suis persuadé que les Etats d'Amérique latine vont réagir à la déclaration de John Bolton», a ajouté le ministre russe, avant de faire référence à des menaces récemment formulées par Washington contre d'autres pays d'Amérique latine. Le 20 février dernier, John Bolton avait en effet désigné le Nicaragua comme cible potentielle pour un changement de régime. «Comme l’a dit le président Trump, les jours d’Ortega sont comptés et le peuple nicaraguayen sera bientôt libre», avait-il alors déclaré sur Twitter.
Pour autant, la conception de la doctrine Monroe, revue par John Bolton, semble s'appliquer au-delà des Amériques : huit jours plus tôt, le 12 février, le conseiller à la Sécurité nationale, avait menacé l'Inde, la soupçonnant de vouloir rompre le blocus pétrolier contre le Venezuela.