Dès 14h, des milliers de personnes ont déferlé dans les rues d'Alger ce 1er mars pour le deuxième vendredi d'affilée, pour protester contre le président Bouteflika et sa candidature annoncée à un cinquième mandat. «L'armée, le peuple, frères, frères», «voleurs, vous avez pris le pays», scandent les manifestants de la capitale défilant dans l'une des artères principales de la capitale, la rue Didouche Mourad. D'autres manifestations d'ampleur ont également été constatées à Oran, dans l'ouest du pays, à Sétif, dans l'est, à Tizi Ouzou, en kabylie, et dans de nombreuses autres villes du pays, selon le site TSA.
Hautement symbolique, Djamila Bouhired, icône de la résistance au colonialisme français, est présente à cette manifestation que beaucoup qualifient déjà d'historique.
Selon Zahra Rahmouni, une journaliste indépendante, quelques gaz lacrymogènes auraient été diffusés par la police. Les manifestants se sont alors assis par terre en signe de protestation en scandant : «manifestation pacifiste».
D'autres personnalités très populaires en Algérie sont présentes à la manifestation d'Alger. Parmi elles, de nombreux artistes dont l'acteur Salah Ougrout.
Le célèbre homme d'affaire Issad Rebrab, PDG du groupe industriel Cevital est également présent à la manifestation algéroise.
La police était déployée ce 1er mars au matin à Alger alors que des manifestations importantes sont à nouveau prévues dans le pays contre le président Bouteflika et sa candidature pour un cinquième mandat. Dans la matinée, les rues d'Alger étaient calmes. Un important dispositif policier était déjà affiché très tôt. Des journalistes algériens, faisaient état ce matin, photos à l'appui, de plusieurs fourgons de police et d’engins de dispersion disposés sur les principales artères et places de la capitale algérienne, la rue Didouche Mourad.
En annonçant le 10 février sa candidature à la présidentielle du 18 avril, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et qui souffre des séquelles d'un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, a déclenché une contestation d'ampleur inédite en 20 ans et le visant directement. La première grande manifestation s'est déroulée le 22 février avec plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers tout le territoire qui ont défilé dans le calme et la bonne humeur.
A trois jours de la date limite, le 3 mars, à minuit, du dépôt des dossiers de candidature devant la Conseil constitutionnel, cette manifestation sera analysée de près par les tenants du pouvoir en Algérie, alors que Abdelaziz Bouteflika a annoncé qu'il déposerait sa candidature ce jour-là. Abdelaziz Bouteflika est cependant hospitalisé depuis le 23 février à Genève, officiellement «pour des examens médicaux périodiques» et son retour en Algérie n'a toujours pas été annoncé.
Selon le site TSA, Ali Benflis, Premier ministre entre 2000 et 2003, est sorti dans la rue et a déclaré soutenir les manifestations.
«Eviter tout débordement»
«Nous sommes là pour encadrer la manifestation et éviter tout éventuel débordement», a indiqué à l'AFP un officier de police.
La réaction des forces de l'ordre, qui ont jusqu'ici largement laissé faire les manifestants, même à Alger où toute manifestation est interdite depuis 2001, sera également déterminante.
Comme d'autres membres du camp présidentiel, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, a, tout en affirmant respecter le droit de manifester et avoir confiance en la sagesse du peuple, mis en garde contre un scénario à la syrienne avec «des manipulations et des manœuvres» qui pourraient entraîner le «chaos».
Meriem Laribi
Lire aussi : Manifestations en Algérie : des journalistes dénoncent un black-out médiatique