Après les «Euro-lapins» promus par le mouvement pro-européen Pulse of Europe, c'est au tour d'un certain «Captain Europe» d'encourager les électeurs à se rendre aux urnes pour les élections européennes du 26 mai 2019. Le taux d'abstention est en effet traditionnellement élevé pour ce scrutin ; en France, il atteignait pour les dernières élections de 2014 un peu plus de 57% des inscrits.
Ressemblant à un Superman loufoque aux couleurs de l'Europe, le super-héros présenté sur Twitter par le Parlement européen arbore notamment un drapeau étoilé de l'Union européenne en guise de cape, un tricorne bleu et un slip jaune muni de nombreuses sacoches... «Le 26 mai, dans 3 mois jour pour jour, @captain_europe votera aux élections européennes pour choisir son représentant dans l'hémicycle du Parlement européen. A l'instar de notre star, #cettefoisjevote pour l'Europe de mon choix !», tweete le Parlement européen.
Le super-héros fictif a droit à son propre compte Twitter, en langue anglaise, via lequel il prône la «résistance» face au «fascisme» qui serait «de retour». Il regrette qu'à notre époque, «la nouvelle norme est d'être xénophobe» et les gens pensent que «construire des murs est une bonne idée». La mission du capitaine ne se limite donc pas à encourager la participation aux élections mais revêt une dimension plus idéologique.
Se présentant comme un «véritable fédéraliste», «Captain Europe» défend également l'UE et l'action de ses institutions, par exemple le droit à l'oubli sur internet.
Une campagne qui exaspère les souverainistes
Si «Captain Europe» semble certain de lutter pour la bonne cause, il soulève de nombreuses moqueries et critiques sur les réseaux sociaux, en particulier parmi les contempteurs de l'Union européenne et du fédéralisme européen.
Le président des Patriotes Florian Philippot, partisan du Frexit, reconnaît ainsi dans ce super-héros bleu et jaune «la politique selon l’UE», à savoir s'adresser à un «citoyen enfant qui, surtout, ne doit pas réfléchir mais se laisser guider dans le monde enchanté de "l’Europe"».
Sur Twitter, La Critique de la raison européenne, association d’étudiants de SciencesPo Paris militant pour l’indépendance de la France, s'interroge : «Comment les conseillers com’ de l’UE ont pu se dire "Tiens on va mettre un type en combi moulante et slip façon SM aux couleurs de l’UE qu’on appellera "Captain Europe", et ça va donner envie aux gens d’aimer l’Union europenne"?»
L'écrivain et physicien Johann Margulies considère qu'avec «Captain Europe», «la décadence a un visage». Le super-héros est vu comme «le boss final du mépris».
Dans une tribune pour le Figarovox du 28 février, l'écrivain et éditorialiste David Desgouilles, pour sa part, voit dans «Captain Europe» «la mascotte du Parlement européen qui infantilise les électeurs».
Face aux critiques, «Captain Europe» a tenu à préciser que son action était une «initiative personnelle» remontant à 2006, qui ne coûtait pas «un centime» au contribuable.« Les institutions n'[ont] en effet rien à voir dans la naissance [de Captain Europe]», assure-t-il.
Ce n'est pas tout à fait la première apparition de «Captain Europe» : le Huffington Post rappelle que le super-héros a été créé au milieu des années 2000 (avec un style différent) dans la foulée de l'échec du Traité constitutionnel européen, et a été un temps incarné par un fonctionnaire européen.