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Maduro connaîtra-t-il le sort de Ceausescu ? Le tweet d'un sénateur américain fait bondir Moscou

Marco Rubio a tweeté une image représentant l'exécution de Nicolae Ceausescu. Si la presse y a vu une menace adressée au président vénézuélien, la diplomatie russe y perçoit elle un sorte de résumé de la politique étrangère occidentale.

Le tweet sibyllin de Marco Rubio, sénateur républicain de Floride, a suscité de nombreux commentaires sur Twitter – mais aussi la réaction de la diplomatie russe, qui y a vu un aveu de certaines habitudes occidentales en matière de politique étrangère. 

Dans ce tweet publié le 25 février, l'élu américain juxtapose deux photos : l'une de l'ex-président de la république socialiste de Roumanie Nicolae Ceausescu (1974–1989) alors qu'il était encore en exercice en novembre 1989 ; l'autre, d'une reconstitution historique dans laquelle on voit le même homme après avoir été destitué et avant d'être fusillé, avec son épouse, en décembre 1989.

Le 24 février, Marco Rubio avait tweeté de manière similaire deux photos  de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dont une après son lynchage.

L'écrasante majorité des internautes ainsi que des médias ont décelé dans ces clichés, du fait de l'absence de texte d'accroche, une forme d'avertissement à l'adresse du président vénézuélien Nicolas Maduro, dont Washington souhaite la destitution. Le sujet occupe en effet une grande partie du fil Twitter de Marco Rubio. Le Washington Post, entre autres médias, a considéré que le sénateur américain avait adressé au chef d'Etat vénézuélien le message suivant : «Les dictateurs se font tuer.»

Un tweet témoignant du rapport des Occidentaux au reste du monde, selon la diplomatie russe

Réagissant à ce tweet, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a souhaité mettre les points sur le i concernant l'histoire des relations entre l'Occident et la Roumanie de Ceausescu – et plus largement entre l'Occident et le reste du monde.

«Le fait est que le but de la politique extérieure de Ceausescu était de réduire la dépendance de la Roumanie vis-à-vis de l’URSS et des autres pays du camp socialiste», déclare dans une publication sur Facebook la porte-parole russe, citant en exemple le soutien de Bucarest au Printemps de Prague, le maintien des relations diplomatiques de la Roumanie avec Israël après la Guerre de six jours de 1967 ou encore la reconnaissance par Bucarest de la République Fédérale allemande.

«C’est le même Ceausescu qui a coopéré activement avec l’establishment politique occidental. Il était acclamé par l’Occident, décoré de toutes sortes de récompenses et bénéficiait de crédits à hauteur de plusieurs milliards [de dollars]», poursuit Maria Zakharova. Or, «tout a changé, comme il arrive avec l’amour de l’Occident, quand Ceausescu a cessé de convenir à ces bienfaiteurs occidentaux. Ce n’est pas à cause de sa longévité politique ou du manque de démocratie que les récompenses, visites, crédits et autres faveurs ont cessé, mais parce qu’il ne servait plus les intérêts de l’Occident», analyse la porte-parole de la diplomatie russe. «C’est à ce moment-là qu’il y a eu la première "révolution de couleur" dans la région avec l’ensemble des mécanismes traditionnels de "retour de la démocratie et de souci de la population", depuis la désinformation jusqu’aux provocations», continue-t-elle. 

Dans le cas de l'actuelle crise politique vénézuélienne, les Etats-Unis reconnaissent le président autoproclamé Juan Guaido comme chef d'Etat du Venezuela et ont répété que toutes les options étaient sur la table pour contraindre le président Nicolas Maduro à quitter le pouvoir. Le 26 février, le secrétaire général du Conseil de sécurité russe a affirmé que l'armée américaine aurait déployé des unités spéciales à Porto Rico et en Colombie, avec pour but de renverser le président vénézuélien.

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