Mercredi 27 février
«Nous attendons des deux pays qu'ils fassent maintenant preuve de la plus grande retenue et qu'ils évitent toute nouvelle escalade de la situation», a fait savoir le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, dans un communiqué.
«A cette fin, la reprise des contacts diplomatiques au niveau politique et la mise en œuvre de mesures urgentes par les deux parties sont essentielles», a-t-elle ajouté, après le regain de tension entre l'Inde et le Pakistan.
Le ministère français des Affaires étrangères appelle l'Inde et le Pakistan à la désescalade.
La presse pakistanaise diffuse de nombreuses photos et vidéos d'un homme blessé au visage, qu'elle présente comme étant le pilote d'un des avions supposément abattus. Il répondrait au nom d'Abhinandan Varthaman, et serait doté du matricule 27981 de l'armée de l'air indienne. Toujoursselon les médias pakistanais, qui ajoutent qu'il aurait été malmené par des villageois pakistanais lorsqu'il a été découvert. Il serait depuis détenu par les autorités pakistanaises.
De nombreux internautes indiens se mobilisent autour du hashtag #AbhinandanVarthaman pour exiger sa libération.
Au cours d'une allocution en direct, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a renouvelé son offre de dialogue avec l'Inde. Il a confirmé que le Pakistan avait abattu deux avions et que leurs pilotes étaient détenus par son pays. Il a aussi offert son concours en cas de demande d'enquête et a assuré que son pays prendrait ses responsabilités si un Pakistanais était impliqué.
Ajoutant que la souveraineté de son pays avait été violée, il a affirmé que les militaires pakistanais avaient exercé «une action défensive et non offensive». «Nous avons agi sans infliger de dommage collatéral, simplement pour montrer nos capacités», a-t-il poursuivi, expliquant qu'ils étaient en mesure de répliquer.
Invoquant l'Histoire, Imran Khan a aussi averti qu'aucune des parties en présence n'avait le droit à l'erreur, avec les armes dont elles disposent. Il a assuré à l'Inde que ses forces se battraient contre le terrorisme à ses côtés et qu'elles étaient prêtes à réparer leurs erreurs. Selon lui, si une escalade survenait, ni le Pakistan, ni l'Inde ne seraient capables de contrôler la situation. «Le bon sens devrait prévaloir entre nos deux pays, ouvrons des négociations», a-t-il conclu.
De son côté, l'Inde dit avoir abattu un avion pakistanais dans la région disputée du Cachemire, affrontement au cours duquel un de ses propres avions a été abattu par le Pakistan.
«L'Inde avait communiqué au sujet d'une action anti-terroriste engagée [le 26 février] contre un camp d'entraînement de Jaish-e-Mohammed (JeM) au Pakistan, basé sur des preuves tangibles que le JeM comptait mener davantage d'attaques. Contre cette action anti-terroriste, le Pakistan a répondu ce matin en utilisant ses forces armées aériennes pour cibler des installations militaires du côté indien», a expliqué Raveesh Kumar, porte-parole du ministère des Affaires étrangères indien, lors d'un point presse à New Delhi. Le groupe JeM est très actif dans la lutte armée contre New Delhi dans la vallée de Srinagar.
«L'avion pakistanais a été détecté et l'Inde a immédiatement répliqué. L'avion pakistanais a été vu par les troupes au sol tombant du ciel du côté pakistanais. [...] Dans cet affrontement, nous avons malheureusement perdu un Mig-21. Le pilote est disparu au combat. Le Pakistan clame qu'il le détient», a déclaré le porte-parole.
De son côté, le général major pakistanais Asif Ghafoor a nié lors d'une conférence de presse qu'un avion F-16 pakistanais ait été en exercice le 27 février.
Selon l'agence de presse pakistanaise Ary news, la Turquie aurait déclaré le 27 février se ranger du côté du Pakistan et de son peuple en cas d'agression de l'Inde. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, l'aurait déclaré par téléphone à son homologue pakistanais, Shah Mehmood Qureshi.
La Chine a appelé à nouveau, le 27 février, l'Inde et le Pakistan à pacifier leurs relations.
«Nous avons à cœur que l'Inde et le Pakistan, en tant que pays importants du sous-continent sud-asiatique, puissent entretenir des relations de bon voisinage et amicales», a réagi lors d'un point presse Lu Kang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. «Nous espérons que l'Inde et le Pakistan feront preuve de retenue, prendront des initiatives propices au dialogue, avanceront l'un vers l'autre et s'efforceront d'assurer durablement paix et stabilité en Asie du Sud», a-t-il ajouté.
«L'Autorité de l'aviation civile a officiellement fermé son espace aérien jusqu'à nouvel ordre», a informé l'Autorité de l'aviation civile (CAA) pakistanaise. Un porte-parole de l'armée pakistanaise a précisé que cette décision avait été prise «en raison des circonstances».
Une source proche de la CAA a informé l'AFP que toutes les compagnies aériennes avaient reçu pour instruction de «suspendre leurs opérations au Pakistan jusqu'à nouvel ordre».
Côté indien, des responsables du secteur, sous couvert d'anonymat, ont affirmé qu'au moins cinq aéroports avaient également été fermés et que de nombreux vols avaient été annulés. L'Autorité indienne de l'aviation civile n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.
Washington appelle les deux puissances nucléaires à éviter toute «escalade».
«Nous voulons rester responsables, nous ne voulons pas d'escalade. Nous ne voulons pas aller vers la guerre», assure le porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Asif Ghafoor. Il ajoute que deux pilotes indiens ont été arrêtés et que l'un d'eux a été conduit à l'hôpital.
Après une frappe indienne au Pakistan, la première depuis la guerre de 1971, la tension est au plus haut entre les deux puissances nucléaires, notamment autour de la question du Cachemire. L'armée pakistanaise a annoncé avoir abattu deux avions indiens le 27 février. Un peu plus tôt, l'Inde avait accusé des avions pakistanais d'avoir brièvement violé son espace aérien. L'Inde de son côté, assure qu'elle a abattu un avion pakistanais et que le Pakistan a abattu l'un des siens.
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