Les manifestants les plus radicaux des groupes séparatistes ont coupé le 21 février une vingtaine de routes, dont l'autoroute qui relie la Catalogne à la France, et deux voies de chemin de fer. Vers midi, ils sont descendus sur les voies pour bloquer la circulation dans une gare.
La police régionale est intervenue à plusieurs endroits pour rétablir la circulation et a interpellé deux manifestants. 22 personnes ont été légèrement blessées, dont six policiers, selon les services médicaux de la région.
A la mi-journée, plus d'un millier de manifestants se sont rassemblés sur la place de l'Université de Barcelone, agitant des drapeaux indépendantistes.
Une autre manifestation était prévue plus tard dans la journée sur un boulevard central de Barcelone.
Les transports publics ont fonctionné au ralenti mais la plupart des commerces du centre de Barcelone sont restés ouverts.
La grève a été convoquée par le petit syndicat indépendantiste CSC pour protester contre le procès d'anciens dirigeants politiques et associatifs qui s'est ouvert le 12 février à la Cour suprême de Madrid.
Ils sont jugés pour avoir organisé en octobre 2017 un référendum d'autodétermination interdit et proclamé, sur cette base, l'indépendance de la Catalogne.
Les syndicats majoritaires n'ont pas appelé à participer à la grève, et le patronat a critiqué le mouvement, assurant qu'il s'agissait d'une grève à «caractère politique», interdite en Espagne.
Un système judiciaire partial ?
Toutefois elle est soutenue par les partis et associations indépendantistes qui ont engagé une série de mobilisations en solidarité avec les accusés et contre le système judiciaire espagnol, qu'ils jugent partial.
Le 16 février, près de 200 000 personnes selon la police municipale, ont défilé dans le centre de Barcelone derrière une banderole proclamant : «L'autodétermination n'est pas un délit.»
Le 21 février, la Cour devait terminer d'interroger les 12 prévenus que le parquet accuse de rébellion (ce qui implique un recours à la violence), malversation et désobéissance à la justice. Il réclame des peines allant jusqu'à 25 ans de prison dans le cas de l'ancien vice-président catalan Oriol Junqueras, en détention provisoire depuis novembre 2017.
Tous les accusés ont jusqu'ici insisté sur le caractère pacifique de leur mouvement. Certains ont expliqué avoir dû choisir entre l'obéissance à la justice et «le mandat démocratique» de leurs électeurs.
Comme en réponse, le roi Felipe VI a déclaré le 20 février dans un discours qu'il est «inadmissible d'en appeler à une supposée démocratie au-dessus du droit».
D'autres prévenus ont minimisé l'impact de la proclamation unilatérale d'indépendance, assurant que celle-ci n'était qu'une déclaration politique sans effets juridiques.
Santi Vila, ancien membre du gouvernement catalan, a ainsi assuré le 21 février aux juges que le scrutin du 1er octobre 2017, une fois interdit par la justice espagnole, n'était «plus un référendum mais une grande mobilisation politique».
Le parquet les accuse d'avoir suivi une stratégie concertée et pré-établie entre le gouvernement catalan, le parlement régional et les associations indépendantistes, pour aboutir à la sécession de la région de 7,5 millions d'habitants au nord-est de l'Espagne.
La Cour suprême a décidé le 20 février d'accélérer le calendrier des audiences afin de les terminer avant les élections législatives anticipées du 28 avril. La sentence, elle, n'est pas attendue avant l'été.