La pression monte d'un cran aux Etats-Unis autour de l'acteur Jussie Smollett, inculpé le 20 février pour dépôt de fausse plainte, a fait savoir la police de Chicago. «Le bureau du procureur du comté de Cook a approuvé les accusations criminelles de comportement déplacé/dépôt de fausse plainte à l'encontre de Jussie Smollett», a indiqué sur Twitter le porte-parole de la police de Chicago, Anthony Guglielmi. «Les enquêteurs prendront contact avec ses représentants légaux pour négocier un arrangement raisonnable [concernant sa remise aux autorités]», a-t-il précisé. Selon le code pénal de l'Etat de l'Illinois, le dépôt d'un fausse plainte est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison.
Les avocats de l'acteur ont immédiatement réagi, soulignant que ce dernier bénéficiait, comme tout autre citoyen, de la présomption d'innocence, «particulièrement dans une enquête comme celle-ci au cours de laquelle des informations, à la fois vraies et fausses, ont constamment fuité». «Compte tenu de ces circonstances, nous avons l'intention de mener une enquête approfondie et de défendre vigoureusement [Jussie Smollett]», ont-ils encore précisé.
Fin janvier, l'acteur noir et ouvertement gay avait porté plainte, affirmant avoir été victime de l'agression raciste et homophobe de deux hommes blancs, qui portaient une casquette rouge. Parti seul s'acheter un sandwich, Jussie Smollett avait soutenu avoir été pris a partie par les deux assaillants, qui l'avaient frappé avant de l'asperger d'eau de javel et de placer une corde autour de son cou, en criant «c'est le pays de MAGA !», en référence au «Make America great again», slogan de campagne présidentielle de Donald Trump.
Abondamment relayée par les médias, la version avait suscité une vive émotion dans le pays, avant d'être rapidement mise en doute à cause de ses nombreuses zones d'ombres. Il apparaît désormais que les deux agresseurs présumés, d'origine nigériane, connaissaient l'acteur. Interrogés par la police, ces derniers affirment avoir été payés par Jussie Smollett pour mettre en scène l'agression.
De nombreux responsables politiques avaient pourtant sauté sur l'occasion pour dénoncer le climat supposément raciste du le pays, à commencer par la candidate à la primaire démocrate Kamala Harris, pour qui il s'agissait d'un «lynchage moderne». Cette dernière, dont la proximité avec l'acteur pourrait poser question, est par ailleurs à l'origine d'une loi adoptée fin décembre faisant du lynchage un crime fédéral.
Cette affaire est un nouveau coup dur pour les médias outre-Atlantique, accusés de ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour la traiter. Elle fait par ailleurs écho au traitement réservé aux élèves du lycée catholique de Covington début janvier. Ces derniers avaient été filmé lors d'une confrontation avec à un amérindien. Sans prendre de gants, les médias avaient accusé les adolescents de racisme sur la base d'un court extrait de la vidéo et du témoignage de cet Amérindien. Or, la scène entière de la confrontation prouve que ce dernier a menti, et remet sérieusement en question l'interprétation donnée par les médias. L'élève au centre de la polémique – à qui il était reproché de sourire – intente d'ailleurs un procès à une cinquantaine de médias et personnalités. Il réclame notamment 250 millions de dollars au Washington Post pour diffamation.