Bien décidé à honorer une des promesses phares de sa campagne, Donald Trump va déclarer «l'état d'urgence nationale» aux Etats-Unis pour construire le mur à la frontière mexicaine, selon la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders.
Dans le même temps et afin d'éviter un nouveau «shutdown», le président américain a accepté de signer un compromis budgétaire après d'intenses négociations entre républicains et démocrates. Approuvée au Sénat puis à la Chambre des représentants, la loi de financement née de ce compromis n'attend plus que la promulgation du président.
Cette loi ne comprend qu'un quart du budget réclamé par le chef d'Etat pour construire le mur (1,4 milliard de dollars contre 5,7 milliards demandés) et ne mentionne pas le mot «mur», préférant «barrière» ou «clôture». Comme il l'avait laissé entendre à de nombreuses reprises ces dernières semaines, Donald Trump a donc décidé de déclarer l'«état d'urgence nationale», arguant qu'il était nécessaire de «mettre fin à la crise de sécurité nationale et humanitaire à la frontière». «Une nouvelle fois, le président tient sa promesse de construire le mur, de protéger la frontière et d'assurer la sécurité de notre grand pays», a insisté Sarah Sanders.
L'«état d'urgence national» permet à Donald Trump d'allouer des fonds du gouvernement initialement prévus à d'autres effets, afin de pouvoir financer le mur sans l'approbation du Congrès. Le chef d'Etat a d'ailleurs laissé entendre le 12 février qu'il disposait déjà d'un financement de 23 milliards de dollars «provenant d'autres sources».
Les démocrates envisagent un recours légal
Sans surprises, la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, la démocrate Nancy Pelosi, a critiqué cette manœuvre. «Les républicains devraient être consternés par la porte qu'ils ouvrent, le seuil qu'ils franchissent », a-t-elle lancé, précisant que les démocrates envisageaient un recours légal pour contester cette décision.
Un tel décret pourrait être annulé par le Congrès, mais pour cela, il est nécessaire d'obtenir l'approbation des deux tiers de la Chambre des représentants et du Sénat. A moins que Nancy Pelosi et le chef de la minorité du Sénat, Chuck Schumer, ne réussissent à convaincre suffisamment de républicains de soutenir leur initiative – ce qui est hautement improbable, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell ayant apporté son soutien à Donald Trump – les tribunaux pourraient bien constituer le seul recours dont disposent les démocrates.
«Nous sommes très bien préparés [à un éventuel recours judiciaire]», a fait savoir à ce sujet la porte-parole de la Maison Blanche, ajoutant qu'«il ne devrait pas y en avoir». «Le président fait son travail, le Congrès devrait faire le sien», a-t-elle conclu.
Depuis 1976, les différents présidents ont eu recours 58 fois à l’«état d’urgence national», souligne CNN. Des mesures qui reflètent en général les centres d’intérêt de la politique internationale américaine : Iran, armes de destructions massives, processus de paix au Moyen-Orient, trafic de drogue avec la Colombie, Cuba, le Soudan, les Balkans, le 11-Septembre, l’Irak, la Corée du Nord, la Libye, le Yémen ou encore l’Ukraine. Sur ces 58 urgences nationales, 31 sont toujours en vigueur, relève le Brennan Center for Justice, un institut de la faculté de droit de l’université de New York.