Alors que le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, continue sa tournée de cinq jours en Europe de l'Est et y multiplie les déclarations mettant en garde les nations contre des accords avec la Chine et la Russie, la Hongrie a réservé un accueil sans enthousiasme au dignitaire états-unien le 11 février.
A l'occasion d'une conférence de presse commune, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a exprimé la position de son pays à Mike Pompeo : «Le monde ne deviendra pas meilleur tant que certains pays continueront à passer leur temps à intervenir dans les affaires intérieures des autres pays.»
Et de préciser que Budapest pouvait bien continuer à entretenir des relations en toute transparence avec la Moscou et Pékin. Le chef de la diplomatie hongroise a par ailleurs qualifié d'«énorme hypocrisie» le confinement de son pays pour ses liens avec la Russie et la Chine. Peter Szijjarto a ajouté : «En surface, les critiques sont nombreuses, mais sous la surface, il y a beaucoup d'échanges entre l'Europe et la Russie qui se comptent en milliards d'euros. [...] La coopération avec la Russie ou la Chine ne nous nuit pas.» Le ministre hongrois a également estimé que ces liens économiques ne faisaient pas pour autant de son pays un allié moins fiable pour l'OTAN.
Des déclarations à mille lieues des assertions enflammées de Mike Pompeo qui déclamait pour sa part, un peu plus tôt : «Nous ne devons pas laisser Poutine meurtrir les relations amicales entre les pays de l'OTAN. [Les Etats-Unis] ont appris à leurs dépens, de par l'Histoire, que la Russie ne serait jamais l'amie de la liberté et de la souveraineté des petites nations.» Concernant la Chine, le secrétaire d'Etat américain a simplement spéculé : «La poignée de main offerte par Pékin n'est pas gratuite... Elle laissera la Hongrie avec de nombreuses dettes économiques et politiques.»