«En tant que soldats vénézuéliens, nous demandons aux Etats-Unis de nous soutenir, en termes logistiques, avec des moyens de communication, des armes, afin que nous puissions libérer le Venezuela» : lors d'une interview accordée à la chaîne américaine CNN le 29 janvier, deux déserteurs de l'armée vénézuélienne ont appelé l'administration Trump à l'aide pour renverser Nicolas Maduro.
Lors de cet entretien, Guillen Martinez et Hidalgo Azuaje ont assuré être en contact avec des centaines de soldats sur un groupe Whatsapp, et ont expliqué qu'ils cherchaient à rassembler diverses factions mécontentes en un groupe cohérent. Contacté par CNN via l'application, un soldat en poste au Venezuela aurait confirmé cette version : «Il y a des soldats dans chaque unité qui sont prêt à se soulever et prendre les armes.»
Les deux déserteurs ont en outre demandé le soutien des pays voisins – le Brésil, la Colombie et le Pérou, qui sont «contre cette dictature» – mais se sont toutefois gardé d'appeler à une invasion américaine. «Nous ne voulons pas qu'un gouvernement étranger [envahisse] notre pays. Si nous avons besoin d'une incursion, ce doit être par des soldats vénézuéliens qui veulent vraiment libérer le Venezuela», a ainsi confié Hidalgo Azuaje.
L'armée apporte toujours son soutien à Maduro
Un retrait du soutien de l'armée à Nicolas Maduro est un des points essentiels sur lequel le président du Parlement de l'opposition Juan Guaido souhaiterait s'appuyer pour prendre le pouvoir. Dans une tribune publiée par le New York Times le 30 janvier, celui qui s'est auto-proclamé «président par interim», a estimé q'un tel retournement serait «crucial pour permettre un changement de gouvernement», affirmant que «la majorité de ceux en uniforme» étaient d'accord pour dire que les tourments actuels dans le pays étaient «intenables». «La transition aura besoin du soutien des principaux contingents militaires. Nous avons eu des entretiens secrets avec des membres des forces armées et des forces de sécurité», a-t-il encore déclaré, appelant à demi-mots les forces armées à le rejoindre.
Mais la situation n'est pas aussi simple pour Juan Guaido et son allié Washington. L'armée vénézuélienne a jusqu'à présent apporté un soutien sans faille au président Nicolas Maduro. Le 30 décembre, présents lors d'un discours du chef d'Etat, les hauts dirigeants de l'armée ont réitéré leur «loyauté» au président vénézuélien. «C'est le seul président constitutionnel [...] et commandant en chef», a assuré le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino.
Nicolas Maduro a quant à lui récemment accusé des militaires déserteurs devenus «mercenaires» de conspirer depuis la Colombie pour diviser l'armée vénézuélienne. «Un groupe de militaires déserteurs, qui sont devenus des mercenaires au service de l'oligarchie colombienne, conspire depuis la Colombie pour diviser les forces armées», a-t-il lancé avant d'entamer une marche au côté de 2 500 militaires le 30 janvier.
«Là où apparaît un traître mercenaire, justice!», s'est-il exclamé face aux troupes réunies au Fort Tiuna, le plus important complexe militaire de la capitale. «L'agression impérialiste du gouvernement de Donald Trump pour tenter un coup d'Etat doit réveiller les consciences», a-t-il lancé à ses troupes, appelant à «une révolution militaire de la morale».