L'agence Reuters, citant des sources concordantes, a rapporté le 25 janvier que la Commission européenne aurait ajouté l'Arabie saoudite à sa liste des pays considérés comme une menace pour l’Union européenne. Une liste qui resterait confidentielle, selon l'agence de presse. A l’instar de l’Afghanistan ou encore de l’Iran, le royaume saoudien est pointé du doigt pour ses contrôles jugés trop laxistes dans le domaine de la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent.
La liste, qui comprendrait actuellement 16 pays, est constituée sur la base de critères fixés par le Groupe d'action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental créé en 1989 et chargé de défendre «l’intégrité du système financier international» contre «le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et les autres menaces liées».
L’ajout de l'Arabie saoudite parmi ces pays, est la conséquence de la prise en compte par la Commission européenne de nouveaux critères qu’elle a elle-même élaborés en 2017. Pour l’heure, les autorités saoudiennes n'ont pas fait de commentaires.
Riyad fait l'objet d'une plainte déposée par plusieurs centaines de familles de victimes des attentats du 11 septembre 2001, qui accusent des responsables saoudiens d'être impliqués dans l'attaque.
La décision de la Commission, qui demeure toutefois tributaire de l’approbation des 28 Etats membres de l'UE pour être officiellement adoptée la semaine prochaine, ne sera pas sans conséquence sur les relations commerciales et financières entre l’UE et l’Arabie saoudite. Si la décision est approuvée, les banques européennes devront désormais se soumettre à des contrôles supplémentaires pour afin d’effectuer des versements vers des banques saoudiennes.
Et la France dans tout cela ?
Pour l’heure, les autorités françaises n’ont pas exprimé leur position sur ce sujet. Paris est pourtant un important partenaire commercial de l'Arabie saoudite, notamment en matière de vente d'armes, et ce malgré les protestations d'organisations humanitaires sur le rôle joué par Riyad dans la guerre au Yémen.
Selon le journal Le Monde, qui se base sur le rapport au Parlement 2018 sur les exportations d’armement, «ce sont ainsi plus de 11 milliards d’euros de commandes saoudiennes qui ont été validées en neuf ans, soit une moyenne de 1,2 milliard d’euros par an».
Riyad est par ailleurs soumis depuis plusieurs mois à de fortes pressions internationales depuis l’assassinat le 2 octobre dans son consulat d'Istanbul du journaliste Jamal Khashoggi.
Le 22 novembre, la France avait adopté des sanctions contre 18 ressortissants saoudiens soupçonnés d'être impliqués dans ce meurtre.
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