Christophe Colomb va-t-il devenir un infréquentable de l'Histoire américaine ? C'est en tout cas le souhait de plus en plus d'organisations de défense des minorités outre-atlantique, qui voudraient voir disparaître les monuments à la gloire de l'explorateur, en raison notamment des crimes dont il s'est rendu coupable envers les populations autochtones.
Répondant à ces revendications, l'université catholique de Notre-Dame, un établissement prestigieux de l'Indiana, a ainsi décidé de masquer douze fresques de son bâtiment représentant des scènes de la vie du navigateur.
Dans une lettre ouverte daté du 20 janvier, John Jenkins, le président de l'établissement, a expliqué avoir pris cette décision après avoir reçu de nombreuses critiques, notamment sur sa façon de représenter les autochtones. «Ces dernières années [...] beaucoup ont fini par considérer les peintures murales comme aveugles, au mieux, aux conséquences du voyage de [Christophe] Colomb pour les peuples autochtones qui habitaient ce «nouveau» monde et, au pire, humiliants à leur égard», a-t-il justifié.
Réalisées entre 1882 et 1884 par l'artiste italien Luigi Gregori, les peintures ne seront toutefois pas détruites mais recouvertes afin de ne plus les rendre visibles, tout en les préservant.
La lettre du président de l'université rappelle par ailleurs que ces fresques ont été réalisées à l'époque dans le but d'inclure la minorité catholique [religion de Christophe Colomb] dans l'histoire des Etats-Unis, pays alors majoritairement protestant.
Une brochure explicative avait été précédemment éditée par l'Université dans le but d'apaiser les critiques nées dans les années 1990 autour de ces fresques, sans succès.
L'association des étudiants amérindiens de l'Université a salué une «décision réfléchie et sage» du président de l'établissement dans un message publié sur Facebook.
Une Histoire remise en question
Le débat fait rage aux Etats-Unis sur la place que certains personnages historiques emblématiques du pays, dont Christophe Colomb, doivent prendre dans la société en raison de leur action contre des minorités.
Le 12 août 2017, une manifestation d'extrême-droite baptisée «Unite the right [Unissions la droite]» contre le déboulonnage d'une statue du généralissime sudiste Lee, personnage respecté aux Etats-Unis, y compris au nord, notamment pour ses talents militaire, avait dégénéré à Charlottesville en Virginie.
A l'issue d'une série de manifestations chaotiques, marquée par des échauffourées avec des contre-manifestants, un militant d'extrême-droite de 20 ans avait foncé sur la foule d'opposants avec sa voiture, tuant une femme et blessant 19 autres personnes.