Une vidéo filmée le 18 janvier devant le Lincoln Memorial à Washighton, montre un adolescent arborant une casquette Make America great again, le slogan de campagne de Donald Trump, lancer un sourire narquois à un vieil Amérindien qui lui fait face, chantant et jouant d'un tambour, le tout au milieu d'un groupe de lycéens hilares. La vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, a profondément choqué outre-Atlantique.
L'incident s'est avéré être une confrontation entre un groupe de lycéens catholiques du Kentucky, venus manifester contre l'avortement et Nathan Phillips, un militant amérindien, se présentant comme un «vétéran de l'époque du Vietnam», venu quant à lui défendre les droits des autochtones.
Il est à noter que le quotidien The Washington Times, se faisant l'écho d'une nouvelle polémique, a émis des doutes sur le statut de vétéran de la guerre du Vietnam de Nathan Phillips, qui aurait difficilement pu servir pendant le conflit en raison de son jeune âge.
«Je les ai entendus dire "Construisons ce mur !", "Construisons ce mur!". Ce sont des terres indigènes, les murs ne devraient pas exister. Nous n'en avons jamais bâti», a commenté plus tard Nathan Philips dans une vidéo prise après le face à face.
Largement relayé sur internet et dans la presse, l'incident a été perçu par les opposants au président américain comme révélateur du racisme et du mépris des partisans de Donald Trump pour les minorités.
«Voici l'Amérique de Trump», s'était notamment indignée l'actrice Alyssa Milano, très opposée à Donald Trump, sur Twitter. «J'en ai pleuré. Qu'apprend-on à la jeunesse ? Pourquoi et comment cela peut-il sembler normal ? S'il vous plaît aidez-moi à comprendre. Parce que là tout de suite, je sens que mon cœur se brise», avait-elle poursuivi dans le même message.
La polémique enflant, le diocèse catholique du Kentucky avait condamné le 19 janvier l'attitude des lycéens, l'estimant «contraire aux enseignements de l'Eglise sur la dignité et le respect de la personne humaine».
Que s'est-il passé avant la scène ?
Mais depuis le lancement de la polémique, la diffusion d'une autre vidéo, montrant les instants précédant la fameuse scène, a relancé le débat quant à la responsabilité des lycéens.
Filmée depuis les rangs d'un troisième groupe distinct, les Black Hebrew Israelites (Hébreux noirs en français, communautés afro-américaines se revendiquant du judaïsme), la séquence montre Nathan Philips, suivi de près par d'autres amérindiens venir les premiers à la rencontre des lycéens. La poignée de Black Hebrew Israelites qui assistent à la scène injurient copieusement aussi bien les adolescents que les autochtones.
J'ai souri à un moment parce que je voulais qu'il sache que je n'allais pas m'énerver
Dans un communiqué, Nick Sandman, le jeune homme qui a fait face à Nathan Phillips, a expliqué que son groupe chantait bien fort l'hymne de leur école pour couvrir les invectives des Black Hebrew Israelites. Le lycéen a assuré ne pas avoir remarqué la présence des Amérindiens avant que Nathan Philips ne vienne à leur rencontre. Il a aussi assuré ne pas avoir entendu le slogan «Construisons ce mur !».
«Il a fixé ses yeux sur moi et m'a approché, jusqu'à quelques centimètres de mon visage [...] J'ai souri à un moment parce que je voulais qu'il sache que je n'allais pas m'énerver, être intimidé ou être entraîné dans une confrontation plus importante», a expliqué le jeune homme qui dit avoir été inquiet que la situation ne dégénère.
Donald Trump s'en mêle
Le président américain a apporté son soutien aux jeunes lycéens sur Twitter, son réseau social favori.
«Il semble que Nick Sandman et les étudiants du lycée catholique de Covington ont été traités de façon injuste avec des jugements hâtifs qui se sont avérés faux - diffamés par les médias [...] De nouvelles images montrent que les médias avaient tort sur la confrontation entre les ados et les Amérindiens», a tweeté Donald Trump le 21 janvier.
Le lendemain, le président américain a de nouveau évoqué l'affaire, toujours sur Twitter, dépeignant les traitement médiatique des lycéens comme «symbole des fake news».
Lucas Léger