L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé le 21 janvier à un meilleur accès des migrants aux services de soins que devraient, selon elle, leur apporter les pays européens. «Le plus important, c'est l'accès aux services de santé. Pour améliorer la santé, il faut combler les différences dans l'accès aux soins primaires [des migrants]», a résumé Santino Severoni, responsable du programme «Migration et Santé» de la banche européenne de l'OMS.
Pour l’organisation, le Vieux Continent couvre 53 pays. Les migrants – réfugiés compris – représenteraient 90,7 millions sur les 920 millions d'habitants que couvre cette zone, soit près de 10% de la population. Dans ces pays aussi hétéroclites que la Russie et Andorre, l'Allemagne et le Turkménistan, la part des migrants diffère grandement : ils représentent 45% de la population à Malte et moins de 2% en Albanie.
Les populations et certains gouvernements réagissent de manière émotive sur le sujet des nouveaux arrivants et de la santé, à cause du manque d'information
L'OMS pointe en outre la disparité des dispositifs de santé applicable aux migrants. Ainsi, dans 15 pays comme l'Autriche, la Turquie ou le Royaume-Uni, les demandeurs d'asile ont accès aux mêmes soins que la population locale, tandis qu'ils n'ont droit qu'aux soins d'urgence en Allemagne ou en Hongrie.
Les migrants auraient tendance à développer des maladies chroniques lors de leur arrivée en Europe
«Les populations et certains gouvernements réagissent de manière émotive sur le sujet des nouveaux arrivants et de la santé, à cause du manque d'information», a encore estimé Santino Severoni. Concernant le risque de transmission de maladies entre migrants et population locale, il le juge «très faible». A l'inverse, pointe-t-il, une part importante des migrants séropositifs auraient contracté la maladie après leur arrivée en Europe.
En outre, les nouveaux arrivants auraient tendance à développer plus de maladies chroniques du fait de l'évolution de leur mode de vie (moins d'activité physique, mauvaise alimentation) et des conditions de pauvreté dans lesquelles certains d'entre eux vivent.
Malgré des variations selon les groupes et les méthodes de mesure, les réfugiés et les migrants ont tendance à plus souffrir de dépression et d’anxiété que la population de leur pays d’accueil, note également l'OMS.
Plusieurs facteurs de risque seraient en cause, notamment la prédominance de troubles de stress post-traumatique chez les migrants ayant traversé des situations très angoissantes, la durée du traitement des demandes d’asile et des conditions socio-économiques défavorables (inactivité, pauvreté, isolement).