Un nouveau traité de coopération franco-allemand doit être signé le 22 janvier entre le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel, à Aix-la-Chapelle ancienne capitale de Charlemagne. Selon l'Elysée, il s’appuiera sur le socle fondateur du Traité de l’Elysée de 1963 signé entre le chef de l'Etat de l'époque, Charles de Gaulle, et le chancelier de la République fédérale allemande (RFA), Konrad Adenauer. Toutefois, le texte est soumis à de nombreuses critiques, notamment à droite de l'échiquier politique français.
Les élus et cadres du Rassemblement national (RN) ont d'ailleurs massivement utilisé les réseaux sociaux pour remettre en cause ce traité. Le député européen RN Nicolas Bay a par exemple estimé qu'«Emmanuel Macron et Angela Merkel lan[çai]ent une opération désespérée de sauvetage du modèle fédéraliste».
Pour la présidente du parti, Marine Le Pen, ce traité est «une trahison». «Emmanuel Macron effondre notre souveraineté et vend notre pays. A Aix-La-Chapelle, Macron va détruire ce qu’a fait le Général de Gaulle en envisageant de partager notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU», poursuit-elle.
Marine Le Pen semble ici fonder une partie de sa critique sur l'article 5 qui mentionne que la France et l'Allemagne «établiront des échanges au sein de leurs représentations permanentes auprès des Nations unies à New York, en particulier entre leurs équipes du Conseil de sécurité» et l'article 8 qui précise que «l’admission de la République fédérale de l’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande».
Si ces deux articles font jaser sur les réseaux, ceux-ci n'affirment toutefois pas le partage du siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU.
La ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, confirme qu'il n’est «pas question d’un quelconque partage de notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU». «En revanche, nous continuerons de plaider, comme nous le faisons depuis plusieurs années, pour que l’Allemagne obtienne son propre siège», prolonge-t-elle.
Julien Aubert, député Les Républicains (LR) qui a lancé le think tank Oser la France se pose de fait plusieurs questions : «Le Traité d’Aix-la-Chapelle prévoit que la diplomatie française se donne comme priorité l’admission de l’Allemagne comme membre permanent au conseil de sécurité de l'ONU. Où est la contrepartie ? Qu’obtient-on de la diplomatie allemande qui serve nos intérêts ?»
Le président du Parti Chrétien-Démocrate et ex-député, Jean-Frédéric Poisson, est lui aussi très critique quant au nouveau traité franco-allemand car, selon lui, «contrairement à ce qu'entendait faire de Gaulle avec le Traité de l'Elysée, ce nouveau traité a pour objet non pas deux nations souveraines qui s'unissent pour un bénéfice mutuel, mais deux Etats membres qui s'effacent au profit de l'Union européenne».
Pour le porte-parole de Debout La France (DLF), Damien Lempereur, le traité est «une humiliation diplomatique française» en considérant que les trois précédents traités signés à Aix-la-Chapelle furent quant à eux des victoires diplomatiques françaises.
Selon l'ancien candidat à la présidentielle et chef de file de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau, «ce traité ne favorise pas l'unité et la cohésion de l'Europe, il favorise au contraire la désunion et l'incohérence de l'Europe puisque voilà deux Etats qui conviennent de faire des choses à l'écart des 25 autres».
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