«Très heureuse» d'être réfugiée au Canada : une jeune Saoudienne, qui avait suscité une mobilisation internationale après avoir fui sa famille et son pays et s'être barricadée dans un hôtel à Bangkok, en Thaïlande, a commencé une nouvelle vie à Toronto, où elle est arrivée le 12 janvier. Accueillie à l'aéroport par la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland en personne, Rahaf Mohammed al-Qunun, âgée de 18 ans, a brièvement posé, tout sourire malgré la fatigue, pour les nombreux journalistes venus l'attendre.
«Elle a fait un très long voyage, elle est épuisée et préfère ne pas répondre aux questions pour le moment», a commenté la chef de la diplomatie canadienne Chrystia Freeland. «Elle est très heureuse d'être dans sa nouvelle maison, même si elle m'a parlé du climat. Je lui ai dit qu'il peut faire plus chaud». «Elle voulait que les Canadiens voient qu'elle était arrivée au Canada», a ajouté la ministre, prenant par l'épaule la jeune femme qui arborait une jupe, une veste de survêtement affichant «Canada» et une casquette bleue siglée «UNHCR» (Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU).
La Saoudienne affirme vouloir fuir les abus psychologiques et physiques infligés par sa famille, qui a démenti ces allégations. Elle se dit par ailleurs en danger dans son pays en raison de son intention de renoncer à l'islam.
Après avoir semblé sur le point de trouver refuge en Australie, l'adolescente s'est finalement tournée vers le Canada, où le gouvernement du Premier ministre canadien Justin Trudeau lui a rapidement accordé l'asile.
Des responsables de l'association à but non lucratif Costi vont dans les prochains jours l'aider à ouvrir un compte en banque et remplir diverses formalités administratives, avant de chercher un logement permanent.
En attendant, elle va séjourner dans une structure protégée par des gardiens jour et nuit. L'association a conseillé à la jeune femme de ne pas révéler sa localisation précise.
Epilogue d'une odyssée internationale
L'arrivée de la jeune femme au Canada marque l'épilogue d'une odyssée internationale qui a attiré l'attention via les réseaux sociaux depuis une semaine. La jeune femme avait acquis une notoriété planétaire en créant un compte Twitter alors qu'elle était retranchée dans une chambre d'hôtel à l'aéroport de Bangkok, multipliant messages et vidéos désespérés.
Une photo d'elle, barricadée derrière sa porte d'hôtel barrée d'un matelas, avait fait le tour du monde. Avec son téléphone, elle avait assuré qu'elle risquait la mort si elle était rapatriée de force. Elle avait notamment affirmé à Human Rights Watch (HRW) qu'elle souhaitait renoncer à l'islam, ce qui la mettait «sérieusement en danger» si elle rentrait dans son pays, souligne l'ONG.
L'adolescente avait été arrêtée à son arrivée à Bangkok depuis le Koweït, où elle avait fait faux bond à sa famille et cherché à gagner l'Australie.
A la suite d'une mobilisation en sa faveur sur les réseaux sociaux, les autorités thaïlandaises avaient renoncé à la renvoyer contre son gré et l'avaient laissée quitter l'aéroport avec des représentants du HCR.
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