«Le futur président des imams de Belgique appelait à brûler les Juifs» : c'est le titre d'un article du journal belge La Dernière heure, consacré à un signalement reçu par la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA), publié le 9 janvier, alors même que s'ouvre le procès de Mehdi Nemmouche, accusé d’avoir assassiné quatre personnes au musée juif de Bruxelles en mai 2014.
Interrogée par le quotidien belge, la LBCA dit avoir reçu une vidéo, publiée sur YouTube à l'époque et effacée depuis, dans laquelle l’actuel président de la Ligue des imams de Belgique, Mohamed Toujgani, demandait au «Seigneur» de «démolir les sionistes oppresseurs» au cours d'un prêche.
«Seigneur, Maître des Mondes, déverse la frayeur dans le cœur des sionistes oppresseurs. Seigneur, emplis leurs cœurs de frayeur. Seigneur, fais trembler la terre sous leurs pieds. Seigneur, fais que le sang des martyrs soit une arme sous les pieds des sionistes oppresseurs, et que ce sang soit un feu ardent qui les brûle et un vent qui les fustige. […] Ô Seigneur, démolis-les.» Tels sont les propos que la LBCA reproche à celui qui était à l'époque l'imam du quartier de Molenbeek.
Cette vidéo «prend aujourd’hui tout son sens», selon Joël Rubinfeld, le président de la LBCA, d'après des propos rapportés par La Dernière heure. «L’attentat, c’est le résultat. L’origine, c’est ce genre de discours. Ce genre de prêche arme le bras des assassins», peut-on également lire, faisant explicitement référence à l'attaque du musée juif en 2014.
«Sionistes» synonyme de «Juifs» ?
L'article prend toutefois le soin d'ajouter deux précisions. Le journaliste rappelle d'abord que les propos incriminés «sont à replacer dans le contexte de la situation à Gaza». A l'époque où la vidéo a été tournée, une guerre conduite par Israël avait entraîné la mort de près de 900 civils palestiniens et trois civils israéliens. Secondement, il précise que l'imam Toujgani emploie dans son prêche le mot «sioniste». Un terme qui, selon l'organisation, «est une manière de désigner les Juifs sans tomber sous le coup de la loi».
Pour Michaël Privot, islamologue belge, interrogé par BX1, l'imam Toujgani «n'appelle pas formellement à brûler les Juifs». «Au cours d'une invocation dans le cadre de la crise qu'il y avait eu à Gaza à cette époque-là, face à l'impuissance des Musulmans, l'imam Toujgani invoque Dieu en lui demandant de punir les sionistes oppresseurs», estime-t-il. «Il ne parle pas de Juifs», ajoute-t-il encore.
En outre, l'article précise que «depuis lors, des interventions publiques de l’imam Toujgani tendent à montrer que ce dernier a changé.» «Il y a deux ans, l’imam incitait les jeunes à "prendre garde à l’appel du djihad"», relève encore le quotidien.
Malgré cela, Joël Rubinfeld insiste : «Jusqu’à Nemmouche, on pouvait plaider l’ignorance. Aujourd’hui, on ne peut plus plaider l’ignorance.»