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L'Italie va-t-elle finalement accueillir des migrants ? Passe d'armes entre Salvini et Conte

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a laissé entendre que son pays pourrait «exceptionnellement» accueillir des femmes et des enfants migrants. Le ministre de l'Intérieur a aussitôt réagi en menaçant à demi-mots de démissionner.

Le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini et son chef de gouvernement Giuseppe Conte ne semblent plus tout à fait sur la même longueur d'onde sur à la question migratoire. Face à la fermeté du leader de la Ligue quant à l'accueil des migrants, le président du Conseil n'hésite pas à afficher ses distances.

Au cours d'une interview sur la Rai Uno, Giuseppe Conte est revenu sur la situation de deux navires affrétées par les ONG allemandes Sea-Watch et Sea-Eye et à bord desquels une cinquantaine de migrants se trouvent depuis plus de deux semaines, au large des côtes maltaises. «Nous discutons avec Malte pour faire débarquer ces personnes : l'Italie peut supporter exceptionnellement quelques femmes et quelques enfants avec leurs maris.»

De quoi prendre à revers la ligne défendue par son ministre de l'Intérieur depuis la formation du gouvernement ? Giuseppe Conte semble prêt à l'assumer : «Nous accueillerons des femmes et des enfants : il y a une limite à la fermeté.» Selon le chef de l'exécutif italien, qui se dit même prêt à «ramener en avion» les migrants concernés si Matteo Salvini continue à s'opposer à leur débarquement, la politique de celui-ci ne serait toutefois pas remise en cause : «Ce ne sont pas quatre personnes en plus qui feront la différence.»

Il n'aura pas fallu plus d'une dizaine de minutes à Matteo Salvini pour réagir à cette déclaration sur Facebook, réseau social qu'il privilégie pour ce genre de communications à brûle-pourpoint. «Tant que les passeurs et ceux qui les aident ne seront pas stoppés, des milliers de personnes continueront à partir et à mourir. On n'entre en Italie qu'avec une autorisation, je ne changerai jamais d'avis : stop aux ONG, je ne lâcherai rien.» Le ministre de l'Intérieur précise que, si d'aventure Giuseppe Conte venait à lui forcer la main, «il en assumera[it] la responsabilité politique».

Si la coalition formée par le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue, que Giuseppe Conte, n'appartenant à aucune formation politique, a été choisi pour diriger, a déjà traversé quelques crises, cette passe d'armes est inédite. S'adressant à Luigi di Maio, ministre du Développement économique issu du M5S, Matteo Salvini a formulé une mise en garde : «Que chaque ministre s’occupe de ses compétences, sinon... sinon, points de suspension.» Une allusion à peine voilée à une éventuelle démission qui ferait voler en éclat la coalition au pouvoir et ouvrirait une nouvelle crise politique dans la péninsule.

Matteo Salvini a fait adopter en novembre un décret-loi qui a fortement durci la politique de l'Italie en matière d'immigration. La principale mesure du texte abolit les permis de séjour humanitaires jusqu'à présent accordés aux personnes vulnérables, familles ou femmes seules avec enfants, victimes de traumatismes pendant leur périple vers l'Italie.

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