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«Ils haïssent les Italiens» : Salvini répond aux maires qui s'opposent à sa politique d'immigration

Alors qu'il fait face à une fronde de plusieurs maires contre un décret-loi sur l'immigration, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a promis à ceux qui ne l'appliqueraient pas qu'ils devront «répondre devant la loi et l'Histoire».

«Ceux qui aident les migrants illégaux haïssent les Italiens» : dans une vidéo publiée le 3 janvier sur Facebook le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a répondu aux maires de plusieurs grandes villes italiennes qui refusent d'appliquer le décret-loi anti-immigration adopté en novembre.

Le chef de file de la Ligue n'a pas l'intention de reculer d'un pouce sur le sujet, soutenant que les maires récalcitrants devraient «répondre devant la loi et l'Histoire». «Tu veux désobéir ? Je ne t'envoie pas l'armée», a-t-il répliqué ironiquement au maire de Palerme Leoluca Orlando, qui a pris la tête de cette fronde, avant d'annoncer qu'il se rendrait prochainement dans sa ville pour «livrer aux citoyens une villa avec vue sur la mer confisquée à un mafieux».

«Certains maires regrettent les temps passés de l'immigration, mais pour eux aussi la belle vie c'est fini», a ajouté le ministre, reprenant la formule qu'il avait adressée cet été aux ONG sauvant les migrants en Méditerranée après leur avoir interdit l'accès aux ports italiens. Par «certains maires», Matteo Salvini vise en particulier ceux de Palerme, Florence et Naples à qui il a suggéré de démissionner.

Décret «inhumain» contre rébellion «électoraliste»

Qualifiant le décret-loi anti-immigration d'«inhumain» et de «criminogène», le chef de file des maires contestataires, Leoluca Orlando, a annoncé le 3 janvier qu'il suspendait son application «pour ce qui relève des compétences des communes». Il conteste en particulier la mesure qui interdit l'obtention du droit de résidence à une personne disposant d'un permis de séjour sur le territoire. «Il ne s'agit pas de désobéissance civile, ni d'objection de conscience, mais de la simple application des droits constitutionnels à tous ceux qui vivent dans notre pays», explique Leoluca Orlando.

Le maire de Naples Luigi de Magistris a de son côté déclaré qu'il laisserait le Sea Watch, le bateau d'une ONG impliquée dans le sauvetage des migrants, accoster dans le port dans la ville. Depuis plus de deux semaines, le navire est bloqué en Méditerranée avec 32 demandeurs d'asile à bord. «J'espère que ce bateau viendra à Naples car, en dépit de ce que dit le gouvernement, nous le laisserons entrer dans le port», a lancé Luigi de Magistris, ajoutant qu'il «serait le premier à diriger les opérations de sauvetage».

Matteo Salvini a fait adopter en novembre un décret-loi qui a fortement durci la politique de l'Italie en matière d'immigration. La principale mesure du texte abolit les permis de séjour humanitaires jusqu'à présent accordés aux personnes vulnérables, familles ou femmes seules avec enfants, victimes de traumatismes pendant leur périple vers l'Italie.

Face à la polémique qui enfle, les maires d'autres villes comme Venise, Gênes et Vérone ont tenu à apporter leur soutien au ministre, affirmant que le décret contenait «des règles justes et compréhensibles». Le vice-premier ministre et dirigeant du Mouvement des cinq étoiles, Luigi Di Maio, a estimé que la rébellion des maires n'avait qu'une visée «électoraliste» et que ces derniers tentaient de faire parler d'eux en exploitant le problème des migrants.

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