Le Mali a entamé l'année 2019 avec une attaque meurtrière dans un village peul de la région de Mopti (centre du pays), où 37 habitants ont été tués le 1er janvier dans une attaque de chasseurs traditionnels, alors que les autorités ont engagé un dialogue intercommunautaire pour renforcer la paix et la sécurité dans la région. Des «hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozos» ont mené cette attaque, selon un communiqué gouvernemental qui précise en outre que «de nombreuses habitations» ont été incendiées.
D'après le gouvernement, cette attaque contre les Peuls survient «alors que les plus hautes autorités du Mali ont entrepris de créer les conditions d'un dialogue intercommunautaire fécond, dans le but d'instaurer durablement la cohésion et la paix» dans la région.
L'assaut a également été attribué à des chasseurs de la communauté Dogon par une source de sécurité et un témoin. Les chasseurs traditionnels, dits «dozos», reconnaissables à leur tenue et à leurs fétiches, prétendent protéger les Dogons contre les Peuls, alors que le conflit entre les deux communautés s'est exacerbé, dans le contexte de la lutte contre les djihadistes. «C'est une milice dozo qui nous a attaqués tôt ce matin. Ils étaient tous armés, habillés en tenue dozo. Notre chef de village Moussa Diallo a trouvé la mort dans cette attaque, ainsi que des membres de sa famille, dont une fillette et des vieilles femmes», a témoigné à l'AFP Allaye Yattara, un éleveur peul du village. «Nous avons eu la vie sauve parce que nous étions sortis très tôt pour conduire les animaux. Ce sont les coups de feu qui nous ont fait rebrousser chemin», a-t-il ajouté.
500 morts dans les violences intercommunautaires en 2018
Depuis l'apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur peul Amadou Koufa, les violences se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture. Ces violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon l'ONU. Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les djihadistes, par les autorités ou l'armée, ce que dément le gouvernement. Amadou Koufa a été tué fin novembre dans une opération militaire française soutenue par l'armée malienne, selon Paris et Bamako.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Les djihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.
Cependant, non seulement les violences djihadistes ont persisté mais elles se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.