Après les Emirats arabes unis et le Bahreïn, Mohammed ben Salmane doit se rendre en Tunisie le 27 novembre dans le cadre d’une tournée à l’étranger, sa première depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Entré le 2 octobre dans le consulat saoudien d'Istanbul, le journaliste critique du pouvoir saoudien y a été assassiné. L'Arabie saoudite a, à plusieurs reprises, modifié sa version officielle sur ce qui lui était arrivé une fois franchie la porte du consulat. Le meurtre a altéré l'image du royaume et en particulier celle du prince héritier saoudien, accusé par la presse, des responsables turcs et une importante partie de l’opinion publique de plusieurs pays du monde arabe d’en être l’instigateur.
«Non à la profanation de la Tunisie, pays de la révolution», pouvait-on lire sur une bannière géante déployée sur la façade du siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), montrant un homme de dos, vêtu d’une tenue traditionnelle saoudienne, une tronçonneuse à la main. Une autre bannière a été attachée devant les grilles du même siège signifiant au prince héritier saoudien qu'il n'était pas le bienvenu dans le pays. La SNJT est, avec d'autres organisations, à l'origine du mouvement de protestation.
Preuve que la colère monte contre les autorités saoudiennes : la tenue, ce 26 novembre, d'une manifestation devant le théâtre municipal de Tunis contre la venue du prince héritier saoudien rassemblant plusieurs dizaines de personnes.
Dans le viseur des protestataires figurent également les autorités tunisiennes qui tentent, depuis plusieurs jours, de justifier la venue du responsable saoudien dans le pays.
«La position de la Tunisie vis-à-vis de l’assassinat du journaliste saoudien Jamel Khashoggi est claire. Nous avons revendiqué de dévoiler la vérité autour de cet assassinat et de tenir pour responsables les parties impliquées. Toutefois, nous ne pouvons pas permettre d’instrumentaliser cet incident pour viser la stabilité du Royaume [...] La Tunisie accepte tous les pays frères et amis et la preuve est qu’en mars 2019, elle accueillera le 30e sommet de la Ligue arabe, ce qui est une réussite diplomatique», a déclaré le 23 novembre, à la radio locale Mosaïque FM, Noureddine Ben Ticha, conseiller politique auprès de la présidence de la République tunisienne.