International

Colère en Israël après le retrait d'Airbnb de certaines colonies en Cisjordanie

La compagnie de location d'appartements entre particuliers a décidé de se retirer des colonies israéliennes «les plus disputées» en territoire palestinien. Israël menace Airbnb de sanctions, les ONG de défense des droits de l'homme se félicitent.

Dans un communiqué, la plateforme de réservation de logements en ligne Airbnb a annoncé le 19 novembre qu'elle se retirait de certaines colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.

La compagnie a expliqué tenir compte de certains avis estimant que les entreprises «ne devraient pas faire du profit sur des territoires où les habitants ont été déplacés». «Notre équipe s'est débattue avec cette question, et s'est démenée pour parvenir à une bonne décision», écrit Airbnb. 

La plateforme retirera environ 200 annonces pour des logements dans les colonies «les plus disputées entre Israéliens et Palestiniens».

Les hébergements en question sont situés en Judée et Samarie. L'entreprise n'a pas précisé si les logements situés sur le plateau du Golan et à Jérusalem étaient aussi concernés. 

Colère chez les politiques israéliens et menaces de sanctions

Cette annonce a immédiatement valu à Airbnb de vives critiques en Israël. Le ministre du Tourisme, Yariv Levin (Likoud, nationaliste), a appelé la compagnie à revoir sa «décision discriminatoire» qu'il a qualifiée de «capitulation honteuse». Il a demandé à son ministère de prévoir sur le champ des mesures pour limiter les activités de l'entreprise dans le pays.

La définition même de l’antisémitisme

Gilad Erdan, ministre de la Sécurité intérieure (Likoud), a critiqué la décision en se demandant pourquoi, alors que des conflits sévissent dans le monde entier, «Airbnb a choisi d'appliquer cette décision politique et discriminatoire dans le cas des citoyens de l'Etat d'Israël». Même écho chez Michael Oren, ancien ambassadeur aux Etats-Unis devenu vice-ministre en charge de la diplomatie publique. Sur Twitter, il a demandé pourquoi Airbnb ne supprimait pas également «des appartements à Chypre occupé par la Turquie, au Sahara occupé par le Maroc», au «Tibet» ou en «Crimée», jugeant que la politique d'Airbnb était «la définition même de l’antisémitisme».

Le conseil de Yesha, la plus importante organisation de colons, a également fustigé la décision d'Airbnb, résultat selon l'organisme, «soit de l'antisémitisme, soit de la reddition au terrorisme, soit des deux». «Airbnb est devenu un site politique», écrit encore l'organisation citée par l'AFP.

Un premier pas positif

La nouvelle a en revanche été bien accueillie par les officiels palestiniens et les groupes de défense des droits de l'homme. Saeb Erekat, le secrétaire gébéral de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a qualifié l'annonce de «premier pas positif» tout en fustigeant le fait qu'Airbnb ait échoué à statuer que les «colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris Jérusalem occupé, étaient illégales et constituaient des crimes de guerre». 

Airbnb a donc devancé la sortie du rapport de l'ONG Human Rights Watch intitulé «Bed and Breakfast en terre volée» qui devait être rendu public le 20 novembre pour dénoncer les activités des agences touristiques dans les colonies. HRW a depuis pressé la plateforme de réservation booking.com de suivre l'exemple d'Airbnb. 

Son directeur Kenneth Roth a ainsi tweeté «à la veille de son rapport» que l'«étape positive» d'Airbnb devait être imitée par «d'autres compagnies de tourisme» afin de mettre un terme à leur complicité dans ces violations des droits de l'homme».

Lire aussi : Gaza : Israël laisse le Qatar livrer des millions de dollars aux Palestiniens