Les Taliban se sont rendus le 9 novembre en Russie, à l'initiative de Moscou, afin de participer à une conférence diplomatique sur l'Afghanistan. La délégation du gouvernement de Kaboul ne s'est, elle, pas rendue à l’événement, au contraire de membres du Haut conseil de paix afghan, selon l'agence Reuters. D'après ces derniers, qui ne représentent pas le gouvernement du pays, le président afghan Ashraf Ghani a néanmoins réitéré son offre de pourparlers de paix sans conditions préalables.
Si, de leur côté, les Taliban refusent de s'adresser directement au gouvernement en poste, dont ils contestent la légitimité et qu'ils estiment imposé par l'étranger, ils ont en revanche accepté le principe d'une rencontre avec les Etats-Unis. «Nous sommes prêts à un face à face avec les Américains et à discuter de problèmes pertinents avec eux», ont-ils fait savoir, cités par Reuters.
«L'Emirat islamique [intitulé de l'ancien Etat afghan sous les Taliban] a laissé les portes de la compréhension et des négociations ouvertes», ont indiqué les Taliban dans un communiqué, demandant la fin des sanctions internationales et la libération de prisonniers.
Sans les mener à la table des négociations, il sera impossible de faire la paix
Ces dispositions diplomatiques sont commentées par Zamir Kaboulov, représentant spécial du président russe pour l’Afghanistan, interrogé par RT. Tout en reconnaissant ne pas apprécier l'idée que le pays soit entièrement contrôlé par les Taliban, il note que les dirigeants de l'organisation avaient déjà «souligné qu’ils ne voulaient pas [y] monopoliser le pouvoir». Il explique que les Taliban sont aujourd'hui prêts à s'adresser à «une vaste gamme de forces politiques et sociales afghanes».
Zamir Kaboulov estime que le mouvement taliban a évolué depuis l'époque où ses membres poursuivaient l'objectif d'un djihad global. «Après leur défaite, ils ont revu leur politique», explique-t-il, et ils poursuivraient actuellement un agenda local, consistant à «libérer» leur pays des forces étrangères. Selon le diplomate russe, ils représentent en outre une partie de la société afghane.
«Si l’on parle sincèrement d’une solution pacifique pour l’Afghanistan, il est impossible de la réaliser sans l'autre force du champ de bataille. Certes, on peut qualifier [les Taliban] d’organisation terroriste, mais sans les mener à la table des négociations, il sera impossible de faire la paix», juge le représentant du président russe.
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