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L'Elysée a-t-il tout fait pour éviter des pourparlers entre Trump et Poutine à Paris ?

Selon diverses sources, dont Vladimir Poutine lui-même, l'Elysée aurait prié les présidents russe et américain d'éviter de tenir une rencontre bilatérale ce 11 novembre à Paris. Mais les deux dirigeants sont parvenus à échanger brièvement.

Les commémorations du centenaire de l'armistice de la Grande Guerre, à Paris, devaient initialement être l'occasion pour Vladimir Poutine et Donald Trump de tenir une rencontre en tête-à-tête. Le 27 juillet dernier, en effet, les présidents russe et américain avaient exprimé leur accord de principe sur un tel événement en marge des célébrations. Mais une rencontre bilatérale en bonne et due forme Trump-Poutine n'aura finalement pas eu lieu ce 11 novembre. Et l'Elysée n'y serait pas tout à fait étranger.

Interrogé en marge de son hommage au Corps expéditionnaire russe le 11 novembre en début d'après-midi dans la capitale française par Xenia Fedorova, présidente de RT France, Vladimir Poutine a déclaré que la cérémonie à l'Arc de Triomphe en fin de matinée, en présence de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement, avait été «organisée de telle façon qu’il n’était pas possible de discuter». Lors de cette cérémonie à l'Arc de Triomphe, le président russe et son homologue américain se trouvaient de part et d'autre du chef de l'Etat français, Emmanuel Macron.

«De toute façon, nous sommes convenus [avec Donald Trump] de ne pas rompre l’emploi du temps prévu de la partie hôte, à sa demande nous n’organisons pas de rencontres ; nous aurons la possibilité d’échanger en marge du G20 [fin novembre-début décembre 2018 à Buenos Aires] ou plus tard. Quoi qu'il en soit, nous sommes prêts au dialogue», a également confié Vladimir Poutine à RT France, confirmant donc que les autorités françaises avaient demandé aux présidents russe et américain de renoncer à une rencontre bilatérale à Paris.

Des informations similaires à celles rapportées ce 11 novembre par Iouri Ouchakov, conseiller du président Poutine, dans une interview à la chaîne de télévision russe Rossia-1. Selon lui, la partie française a demandé de façon «assez insistante» qu’il n’y ait pas de rencontre entre les présidents russe et américain à l'occasion des cérémonies de commémoration de l'Armistice. «Ces demandes étaient assez insistantes, nous nous sommes donc entendus avec nos collègues américains et avons décidé d’organiser une discussion approfondie à Buenos Aires [au G20]», a-t-il déclaré.

Trump et Poutine volontairement tenus à distance sur le plan de table à l'Elysée ?

D'ailleurs, selon une source au sein de la délégation russe citée par l'agence RIA Novosti, le plan de table du déjeuner de travail, à l'Elysée, des dirigeants internationaux ce 11 novembre, aurait été modifié au dernier moment, de manière à ce que les présidents russe et américain ne puissent pas se parler. En tout état de cause, Donald Trump et Vladimir Poutine étaient installés face à face, mais à une certaine distance l'un l'autre.

Le 6 novembre déjà, une source diplomatique européenne avait confié au journal russe Kommersant qu'Emmanuel Macron aurait demandé à Moscou et Washington «de ne pas tenir de discussions plein format à Paris afin de ne pas "occulter" les événements et les réunions préparées par l'Elysée.»

Rencontre éclair, malgré tout

Le projet de rencontre bilatérale russo-américaine est donc passé à la trappe, mais les deux chefs d'Etat sont néanmoins parvenus à échanger quelques mots, ce 11 novembre à Paris.  

«Oui», a répondu Vladimir Poutine à la question d'un journaliste lui demandant s'il avait réussi à discuter avec Donald Trump, selon l'agence de presse russe RIA Novosti, sans préciser à quel moment. «Bonne», a ajouté le président russe, interrogé sur la qualité de cette conversation.

Selon la présidence française citée par l'AFP, les deux dirigeants seraient même parvenus à avoir une conversation «à bâtons rompus» lors du déjeuner à l'Elysée.

Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, les deux dirigeants ont bien convenu de se rencontrer pour une discussion plus approfondie en marge du sommet du G20 fin novembre en Argentine.

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