«Elle a été libérée. On m'a dit qu'elle était dans un avion mais personne ne sait où elle va atterrir», a écrit dans un message adressé à l'AFP Saïf-ul-Mulook, avocat d'Asia Bibi, la Pakistanaise chrétienne qui a passé huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème avant d'être acquittée. L'ordre de libération est parvenu ce 7 novembre à la prison de Multan (centre du pays), où elle était détenue, selon des informations confiées par une cadre pénitentiaire à l'AFP. D'après un responsable de l'aviation civile à Multan, un petit avion y a atterri dans la soirée avec «quelques étrangers et quelques Pakistanais» à son bord, sans plus de précision.
Le mari d'Asia Bibi avait réclamé le 3 novembre l'asile pour sa famille aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Canada, arguant d'un trop grand danger s'ils restaient au Pakistan. «Je demande au président Donald Trump de nous aider à partir. Après cela, je demande au Premier ministre britannique [Theresa May] de faire de son mieux pour nous aider», avait déclaré Ashiq Masih dans un message vidéo. Le mari d'Asia Bibi avait également sollicité l'«aide» du Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Mobilisés contre son acquittement, des islamistes sont parvenus à un accord avec le gouvernement
Après que l'acquittement d'Asia Bibi a été prononcé le 31 octobre, des islamistes, qui exigent son exécution, ont bloqué trois jours durant les principaux axes du pays, poussant le gouvernement du Premier ministre Imran Khan à signer un accord controversé avec eux. L'exécutif pakistanais s'y est engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer une requête en révision du jugement d'acquittement. L'accord a été critiqué par de nombreux Pakistanais.
Asia Bibi, ouvrière agricole chrétienne âgée d'une cinquantaine d'années et mère de cinq enfants, avait été condamnée à mort en 2010 pour blasphème à la suite d'une dispute avec des villageoises musulmanes concernant un verre d'eau. Son cas avait ému la communauté internationale. Le Premier ministre italien Matteo Salvini a tweeté qu'il ferait «tout ce qu'il est humainement possible pour garantir un avenir à cette femme», tandis que la France a fait savoir qu'elle étudiait «sous quelle forme elle pourrait aider ou accueillir la chrétienne» avec ses partenaires européens et internationaux.
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