Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, a déclaré à l'AFP ce 5 novembre que 79 élèves et trois encadreurs de la Presbyterian Secondary School de Bamenda (capitale régionale du Nord-Ouest) avaient été enlevés. C'est le plus important kidnapping dans cette zone anglophone depuis le début du conflit entre les séparatistes et l'armée. Il intervient à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, réélu pour un septième mandat avec 71,28% des voix.
Les trois encadreurs sont le principal de l'établissement, un enseignant et un chauffeur, selon une source gouvernementale camerounaise. «Les recherches pour retrouver les otages ont été lancées, la mobilisation est totale», a ajouté cette source, qui s'exprimait à l'issue d'une réunion de crise en fin de matinée le 5 novembre.
Dans une vidéo de six minutes obtenue par l'AFP, 11 garçons d'une quinzaine d'années déclinent un à un, en anglais, leur identité et indiquent avoir été enlevés par les «Amba boys», les séparatistes anglophones.
«Nous allons ouvrir nos propres écoles ici, nous allons rester ensemble et combattre pour l'"Ambazonie"», l'Etat que les séparatistes entendent créer, déclare un homme au micro du téléphone filmant la scène. Mais la vidéo n'a pu être authentifiée de source indépendante.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016. Elle s'est transformée en conflit armé un an plus tard. Les autorités, qui refusent le dialogue avec les séparatistes qu'elles qualifient de «terroristes», ont procédé depuis début 2018 à un important déploiement de forces de sécurité.
Plus de 175 membres des forces de défense et de sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Dans la zone, plus de 300 000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines. D'autres ont gagné le Nigeria voisin.
Ce type d'enlèvement de masse d'élèves est sans précédent au Cameroun. Il est pratiqué dans le nord du Nigeria par le groupe djihadiste Boko Haram, comme à Chibok où plus de 200 jeunes filles avaient été enlevées dans leur internat en 2014, suscitant l'indignation du monde entier.