Le journal américain New York Times a réussi une performance dont rêverait bien des diplomates : parvenir, pour un instant, à allier la Russie, la Chine et les Etats-Unis. Mais pour réussir cet exploit, le quotidien a dû payer de sa personne puisque les trois puissances sont tombées d'accord pour mettre en doute l'un de ses articles, publié le 24 octobre.
Dans celui-ci, le journal soutient que des assistants de Donald Trump auraient à plusieurs reprises demandé au président américain, en vain, de ne plus utiliser ses téléphones cellulaires Apple pour communiquer avec de vieux amis. La raison invoquée ? Les services de renseignement russes et chinois écouteraient ses discussions.
Le président américain a été le premier a réagir, dégainant sur Twitter dans son style caractéristique : «Le New York Times a une nouvelle "Fake News" selon laquelle les Russes et les Chinois (heureux qu'ils aient enfin ajouté la Chine) écoutent tous mes appels en provenance de mon téléphone portable. Sauf que j’utilise rarement un téléphone portable, et quand je le fais, c’est autorisé par le gouvernement.»
Dans un autre tweet, le chef d'Etat a jugé l'article «incorrect» et que son auteur n'a «pas le temps de le corriger». «L'histoire est tellement fausse !», a-t-il encore insisté. Si ce genre de réaction n'est pas vraiment nouvelle pour le président américain, il semble qu'il ait fait des émules.
«Ils peuvent toujours utiliser des Huawei»
La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying n'a ainsi pas épargné le journal américain. «Certaines personnes aux Etats-Unis font tout ce qu'ils peuvent pour remporter le prix du meilleur scénario pour les Oscars», a-t-elle lancé dans des propos rapportés par Bloomberg. «Cela ne fait que confirmer que le New York Times crée des fake news», a-t-elle ajouté en référence à l'article. Et la diplomate de poursuivre sur un ton résolument railleur : «S'ils craignent vraiment que l'on puisse mettre sur écoute les téléphones Apple, ils peuvent toujours utiliser des Huawei.»
De son côté, le Kremlin, plus habitué à être la cible de ce type d'accusations, ne les a pas prises véritablement au sérieux. «Aujourd'hui, nous avons tendance à être amusés par ce genre de publications», a confié le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l'agence Tass. Selon le diplomate, le Kremlin a déploré que le journal «publie des informations sans réfléchir, ce qui témoigne du niveau décroissant de responsabilité journalistique». Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a quant à elle noté le côté ironique de l'histoire considérant le propre bilan des Etats-Unis en la matière, et notamment la mise sur écoute de dirigeants étrangers tels que la chancelière allemande Angela Merkel.