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USA : inculpation d'une Russe pour ingérence, un «prétexte» selon Moscou

Les Etats-Unis ont inculpé une Russe pour une ingérence supposée dans les élections du 6 novembre. Elle est accusée d'avoir financé une campagne de propagande sur les réseaux sociaux. Moscou dénonce un «prétexte» pour imposer de nouvelles sanctions.

Ce 19 octobre, une citoyenne russe de 44 ans du nom d'Elena Alexeïevna Khoussiaïnova a été inculpée aux Etats-Unis. Elle est accusée d'avoir effectué des activités comptables pour le compte d'une «opération menée depuis Saint-Pétersbourg», selon un communiqué du département américain de la Justice.

L'opération en question, baptisée «Project Lakhta» selon le communiqué du département, visait à «aggraver le conflit entre les minorités et le reste de la population», notamment en soutenant «des groupes radicaux». Elena Alexeïevna Khoussiaïnova est accusée d'avoir dirigé le projet et ses 35 millions euros de budget pour acheter des noms de domaine ainsi que pour payer des trolls qui diffusaient des contenus controversés sur un grand nombre de sujets, notamment «l'immigration, le contrôle des armes à feu et le Deuxième amendement, le drapeau confédéré, les relations raciales, les questions LGBT, la Marche des femmes et le débat sur l'hymne national dans la NFL».

Le département de la Justice cite l’oligarque russe Yevgeniy Viktorovich Prigozhin via deux de ses sociétés, Concord Catering et Concord Management and Consulting LLC, comme source de financement du projet. Concord est un nom familier pour qui suit l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une supposée ingérence russe, puisqu'elle avait déjà été accusée par ce dernier en février. L'entreprise avait réagi à l'époque par un dépôt de plainte, affirmant que les accusations constituaient un «crime imaginaire» et que Robert Mueller essayait de «justifier sa propre existence» et «d'inculper un Russe, n'importe quel Russe» pour des raisons politiques.

Le département de la Justice précise toutefois que l'inculpation n'induit aucunement que l'opération à laquelle Elena Alexeïevna Khoussiaïnova est accusée d'avoir participé puisse avoir «un quelconque effet sur le résultat de l'élection».

Un «prétexte» pour imposer des sanctions selon Moscou

Moscou a de son côté vivement réagi, accusant Washington d'avoir fabriqué ces accusations dans l'optique d'imposer de nouvelles sanctions à la Russie. «Nous pensons que Washington est en train de fabriquer un prétexte afin d'imposer ses fameuses sanctions une fois de plus contre notre pays», a ainsi déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov dans un communiqué le 20 octobre.

Il a estimé qu'après des accusations similaires concernant l'élection de 2016 remportée par Donald Trump, Washington tentait de «jouer la même carte à l'approche de l'élection [de mi-mandat] aux Etats-Unis».

L'inculpation d'Elena Alexeïevna Khoussiaïnova s'ajoute aux nombreux épisodes précédents au cours desquels différents pays occidentaux ont accusé la Russie, sous divers motifs et dans des circonstances variées, de pratiquer une politique d'ingérence à leur égard. Dernière accusation en date : le 4 octobre, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni ont accusé la Russie de s'adonner à la guerre cybernétique.

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