L'Allemagne et la France se joindront à la Russie et à la Turquie pour un sommet consacré à la Syrie le 27 octobre 2018. La présidence turque a annoncé ce 19 octobre que les dirigeants turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine, français Emmanuel Macron et allemande Angela Merkel se rendraient à Istanbul pour évoquer le processus politique de sortie du conflit, sous l'égide de l'ONU.
La situation à Idleb, dans le nord-est de la Syrie, devrait également être au cœur des discussions. «Lors de cette rencontre, il sera surtout question de la situation à Idleb et de la mise en œuvre de l’accord russo-turc de Sotchi du 17 septembre dernier. Au-delà de ça, il sera question de la poursuite du processus politique, sous l’égide de l’ONU, en particulier du début des travaux d’une commission sur la Constitution», a précisé Martina Fietz, porte-parole du gouvernement allemand.
Moscou a de son côté mis l'accent sur la situation humanitaire dans cette province sous contrôle de factions rebelles et djihadistes, dont une partie est sous l'influence de la Turquie. La présidence russe a confirmé dans un communiqué la présence de Vladimir Poutine au sommet, précisant que les échanges porteraient, selon un communiqué cité par l'AFP, «sur les moyens de faire avancer le processus de règlement politique en Syrie ainsi que sur d'autres mesures susceptibles de renforcer la sécurité et la stabilité et de créer les conditions propices au retour des réfugiés».
A Paris, l'Elysée a également confirmé la présence d'Emmanuel Macron à ce sommet. «La France entend prioritairement favoriser le maintien du cessez-le-feu dans la province d’Idleb afin d’éviter une catastrophe humanitaire et une nouvelle vague massive de réfugiés, et le lancement effectif d’un processus politique inclusif», a indiqué une source au sein de la présidence française qui a précisé : «Ces deux objectifs seront au centre des discussions entre les chefs d’Etat et de gouvernement.»
Des groupes djihadistes parrainés par la Turquie incontrôlables
Sans surprise, la mise en place de l'accord russo-turc ne va pas sans difficultés. Le 10 octobre dernier, Moscou et Ankara annonçaient que la démilitarisation d'Idleb avait commencé avec le retrait d'un millier de djihadistes. Mais le 14 octobre, le principal groupe djihadiste, Hayat Tahrir al-Cham – conglomérat de groupes djihadistes comprenant notamment le Front al-Nosra, rebaptisé Fatah al-Cham en 2016 – a signifié son refus de déposer les armes. Parmi la nébuleuse des rebelles présents dans la région d'Idleb, un autre groupe rebelle, Jaish al-Ezza, avait annoncé dès le 29 septembre le rejet de l'accord conclu entre Ankara et Moscou. Bien que le délai officiel de création de cette zone tampon soit arrivé à échéance le 15 octobre, la Russie et la Turquie se veulent optimistes, même si sur le terrain certaines dispositions de l'accord n'ont pas été respectées.
L'annonce conjointe de la mise en place d'une zone démilitarisée en Syrie par la Russie et la Turquie a toutefois permis de désamorcer une situation explosive, grâce aux concessions de Damas et d'Ankara. Début septembre, les tensions s'étaient de nouveau exacerbées entre les différents belligérants. Comme ils l'avaient fait en amont des frappes du 14 avril 2018, les Occidentaux avaient alors multiplié les menaces à l'encontre de Damas.
A.K.
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