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Kanye West pris pour cible par une partie des médias lors de sa visite à la Maison Blanche

Un rappeur afro-américain soutenant Donald Trump ; la scène déplaît à certains. Invité par la Maison Blanche, le rappeur Kanye West en a une nouvelle fois fait l'amère expérience, les médias ayant mis en cause sa santé mentale.

Rarement une rencontre dans le bureau ovale aura suscité autant de critiques acerbes de la part des médias américains, qui ont parfois franchi sans vergogne la limite de l'insulte. En acceptant l'invitation du président américain Donald Trump à la Maison Blanche le 11 octobre, le rappeur américain Kanye West se doutait qu'il n'aurait pas bonne presse. L'artiste, qui se définit comme un esprit libre, secoue la sphère médiatique outre-Atlantique depuis qu'il assume ouvertement son soutien au président américain. Mais un tel déferlement demeurait malgré tout imprévisible. 

La santé mentale de Kanye West est ainsi devenue un sujet médiatique à part entière. Fin novembre 2017, le rappeur avait été admis dans un hôpital de Los Angeles  pour ce que certains médias américains avaient qualifié de «crise psychotique». Et depuis, ces derniers n'hésitent pas à le renvoyer à cet épisode pour s'expliquer son comportement. «C'était très triste. Je pense qu'il y avait un homme qui n'allait clairement pas bien et un président qui était prêt à exploiter ça», s'est lamentée une intervenante de CNN.

Bill Palmer, qui se décrit comme journaliste politique, a profité de l'occasion pour attaquer Donald Trump sur son prétendu racisme : «Ce moment gênant où vous n’avez qu’un seul ami noir, et c’est un connard fou comme Kanye West.»

«[Kanye West] a clairement des problèmes d'ordre clinique. Ce n’est pas qu’il soit pas intelligent ou mal intentionné, il a simplement besoin de prendre soin de sa santé mentale», a de son côté jugé Cenk Uygur, qui dirige la chaîne d'information The young turks sur Youtube.

Visiblement outrés, les présentateurs de MSBNC s'en sont pris tout en mesure au langage du rappeur, qui a notamment utilisé le mot «bullshit» (conneries) : «C'était un assaut sur notre Maison Blanche.»

Point commun de ces commentateurs ? Ils se situent à gauche de l'échiquier politique et sont idéologiquement opposés à Donald Trump. Glenn Greenwald, fondateur du site The Intercept s'est d'ailleurs ému du traitement réservé par la gauche américaine au rappeur. «Exploiter et se moquer du fait que quelqu'un ait déjà suivi un traitement médical pour des problèmes de santé mentale afin de l'empêcher de participer à des débats publics et d'être pris au sérieux est répréhensible. CNN devrait avoir honte d'avoir diffusé cela», a-t-il écrit en citant le passage d'une émission de la chaîne américaine.

Dans celui-ci, qui date du 9 octobre, soit deux jours avant la rencontre entre Donald Trump et Kanye West, les invités de la chaîne utilisent à deux reprises le terme «negro», considéré comme hautement raciste, pour qualifier le rappeur. «Kanye West montre qu'il arrive que les nègres ne lisent pas», lance un intervenant, faisant pouffer de rire le présentateur Don Lemon. «C’est le nègre symbole de l’administration Trump», affirme quelques instants plus tard une autre intervenante.

L'approche des élections de mi-mandat n'est selon toute vraisemblance pas étrangère à la virulence des attaques dont est la cible Kanye West. Par sa prise de position, l'artiste met à mal la politique identitaire qui prévaut aux Etats-Unis selon laquelle les Afro-américains, en raison de le couleur peau, votent démocrate. En s'affranchissant de ce mode de pensée, Kanye West fait voler en éclat cette prémisse.

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