Le Royaume-Uni a accusé ce 4 octobre les services de renseignement militaire russes (GRU) de mener des cyberattaques contre des institutions politiques et sportives, des entreprises et des médias à travers le monde.
«Ce type de comportement démontre leur désir d'opérer sans tenir compte du droit international ou des normes établies, et d'agir avec un sentiment d'impunité et sans considérer les conséquences», a déclaré dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt. «Notre message est clair», a ajouté le ministre. «Avec nos alliés, nous révélerons et répondrons aux tentatives du GRU de saper la stabilité internationale», a-t-il précisé.
Ces accusations planétaires ont fait réagir Moscou, qui déplore une «campagne de désinformation» et une nouvelle tentative de déstabilisation. «L'espionnite aiguë des Occidentaux prend de l'ampleur», a commenté ce même jour le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué cité par l'AFP. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a ironisé sur l'«imagination féconde» de Londres, déniant toute implication de la Russie dans d'éventuelles cyberattaques.
De l'Australie au Canada en passant par Bruxelles : une nouvelle offensive collective anti-russe ?
Les Pays-Bas ont annoncé ce même jour avoir expulsé quatre agents russes accusés de pirater le siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye, une affaire jugée «extrêmement inquiétante» par le gouvernement néerlandais.
Dans une ambiance digne de la guerre froide qui prévaut depuis l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal au Royaume-Uni en mars dernier, l'Australie et le Canada s'est jointe au Royaume-Uni pour accuser ce même jour le renseignement militaire russe (GRU) d'avoir mené les principales cyberattaques mondiales de ces dernières années. «L'armée russe et son bras de renseignement, le GRU, sont responsables de cette cyberactivité malveillante», a ainsi affirmé le gouvernement australien.
Au hasard et sans foi ni loi
Selon le ministère britannique des Affaires étrangères, le Centre national de cybersécurité britannique (NCSC) affirme avoir établi que le GRU se cacherait derrière plusieurs attaques commises dans le monde par des cyber-assaillants connus. Ces cyberattaques, menées «au hasard et sans foi ni loi», auraient «affecté des citoyens dans de nombreux pays, dont la Russie, et coûté des millions de livres aux économies nationales», a-t-il ajouté.
Parmi les attaques qu'aurait identifiées le NCSC figure notamment celle du parti démocrate américain, prélude au scandale de la supposée ingérence russe survenue selon Washington dans l'élection présidentielle américaine de 2016, et pour laquelle le GRU avait déjà été mis en cause par les Etats-Unis. Figurent également des fuites de documents confidentiels consécutives au piratage de la base de données de l'Agence mondiale antidopage (AMA) ou encore l'attaque informatique contre l'aéroport d'Odessa en Ukraine.
Selon une source gouvernementale britannique, le GRU est associé à plusieurs noms de groupes de pirates connus, et souvent présentés comme proches des autorités russes, tels que Fancy Bear, Sandworm, Strontium, APT 28, CyberCaliphate, Sofacy, BlackEnergy Actors... différentes appellations qui désigneraient parfois une seule et même entité.
Comme en mars dernier, l'OTAN et l'Union européenne sont également entrés dans la danse pour condamner Moscou. La Russie doit «cesser son comportement irresponsable», a lancé le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg après des accusations de cyberattaques majeures ayant visé l'Australie, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas.
Rebondissant sur les accusations néerlandaises, l'Union européenne a elle dénoncé un «acte agressif» de la part du renseignement militaire russe. Bouclant la boucle, Jeremy Hunt, ministre britannique des Affaires étrangères, n'a pas hésité à faire le lien avec l'affaire Skripal en s'appuyant lui aussi sur les accusations d'Amsterdam. «Si quelqu'un avait des questions quant à l'implication du renseignement militaire russe à Salisbury [où Sergueï Skripal et sa fille ont été empoisonnés], cela mettra un terme à ces doutes», a-t-il lancé, lors d'un entretien avec la BBC.