L’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar s’est rendu le 18 septembre au Congrès des députés, chambre basse du parlement, dans le cadre de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur le financement irrégulier présumé du Parti populaire (PP). En mai dernier, la justice espagnole avait publié un arrêt concluant à un financement illicite du Parti populaire dans une vaste affaire de corruption, dont l’instruction avait duré sept ans et dont le procès avait commencé en octobre 2016. Affaibli politiquement, l’ancien chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy avait alors été contraint d'essuyer une motion de censure du parlement et démissionner.
Président d’honneur du PP au moment où cette affaire de corruption avait éclaté, José Maria Aznar était particulièrement attendu par les députés. S'il a nié l'existence d'un fond occulte, contredisant ainsi les conclusions de la justice espagnole, l'ancien chef du gouvernement espagnol s'est finalement retrouvé à croiser le fer avec les députés sur un tout autre sujet, la guerre en Irak.
Alors que le député socialiste Rafael Simancas lui demandait de présenter ses excuses pour des faits de corruption, José Maria Aznar a rétorqué : «Je n'ai pas à m'excuser pour quoi que ce soit.» Poursuivant son propos, José Maria Aznar a ensuite ironisé sur le rétropédalage de l’actuel Premier ministre Pedro Sanchez qui, après avoir annulé la livraison de 400 bombes à l’Arabie Saoudite, est rapidement revenu sur sa décision. Une intervention qui a fortement déplu au député socialiste qui a répliqué en accusant l’ancien chef du gouvernement espagnol d’avoir mené une guerre «illégale» et immorale» en Irak en 2003. «Dans cette guerre, l’Espagne n’a pas lancé de bombes, c’est évident, car l’Espagne n’a pas participé [à la guerre en Irak]. L'Espagne n'a pas envoyé de soldats», a alors répondu José Maria Aznar.
Une affirmation qui contredit pourtant la réalité des faits : Madrid avait bien soutenu l’intervention de Washington en Irak en envoyant plus d’un millier de soldats sur place.
Sur Twitter, la déclaration de Jose Maria Aznar passe mal
Cette prise de distance avec la réalité des faits a particulièrement irrité les internautes. Sur Twitter nombre d’entre eux ont en effet vertement fustigé ces allégations. Le journaliste Antonio Maestre a publié une liste des 13 soldats espagnols morts lors de l’intervention de 2003.
De leur côté, plusieurs internautes ont déterré la célèbre photographie prise lors du Sommet des Açores qui a précipité l'intervention en Irak en 2003 et qui réunissait l'ancien président américain George W. Bush, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair et Jose Maria Aznar.
«[Jose Maria] Aznar ne dit pas la vérité […] vous devrez parler devant un juge», s’indigne une autre internaute.
En novembre 2015, Jose Maria Aznar avait pourtant lui-même assuré n'éprouver aucun regret quant à la participation de son pays à la guerre en Irak. «En termes d'influence et d'appui international à nos objectifs, l'Espagne est sortie gagnante», avait-il écrit dans une lettre rendue publique.
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