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Un selfie avant la décapitation ? Une exposition fait polémique aux Pays-Bas

Une installation aux Pays-Bas interpelle en proposant aux visiteurs de prendre la pose en victime de Daesh. L'artiste voulait démontrer la «victimisation collective européenne», mais certains organismes locaux ne le voient pas de cet œil.

Vivre les prémisses de sa propre décapitation par un terroriste djihadiste de Daesh : c'est ce que propose amèrement une œuvre d'art au festival Gogbot à Enschede aux Pays-Bas.

Les visiteurs sont invités à passer leur tête dans un carton découpé qui les met en scène dans le désert pour une scène tristement gravée dans les mémoires : celle d'un otage habillé en orange et sur le point d'être assassiné au nom de l'islamisme djihadiste... Un portrait photographique et une expérience qui, selon l'artiste Anne Bothmer, 22 ans, permettraient aux Européens de se rendre compte qu'ils font face à un sentiment de «victimisation collective» sans toutefois avoir réellement vécu personnellement d'attentat djihadiste. L'œuvre se nomme «Phantom pain» (douleur fantôme, en français).

Sur le site Internet du festival, l'artiste dénonce par ce travail «l'accroissement massif de réactions irrationnelles» engendré par les attentats islamistes en Europe. «En tant que spectateur de ces attaques, nous ne voulons pas en faire l'expérience, mais nous voulons en faire partie. Le ton prédominant des messages qui suivent ces attaques amplifie le sentiment de victimisation collective des citoyens européens. Toutefois, il n'y avait que peu de personnes réellement présentes lors de ces attaques, en comparaison. Le reste de l'Europe ne les a vécues que par des images et en vidéo», peut-on lire.

Dès l'inauguration de cette installation le 8 septembre, des figures de la politique locale ont appelé au retrait de ce travail artistique. Dans une publication sur Facebook, la «Plateforme Démocratique de Enschede» a déploré en néerlandais : «Cette représentation de génocide n'a rien à faire dans cet événement et confronte bien inutilement nos habitants et leurs enfants au terrorisme, à la souffrance humaine et aux expériences traumatiques qu'ils ont vécues dans le pays qu'ils ont fui.»

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