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«Réunir les cœurs» pour l'UE ? Mauvais départ pour une rockstar adepte de l'optimisation fiscale

Faire campagne pour l'UE durant sa tournée musicale : voici la promesse que s'est engagé à tenir Bono pour faire face, entre autres, à la montée des «extrêmes». La tournée de son groupe, U2, a toutefois commencé par un couac...

Le groupe de rock irlandais U2 a dû interrompre le deuxième concert de sa tournée actuelle, au bout de quelques chansons seulement. Devant des milliers de spectateurs, le soir du 1er septembre à Berlin, son chanteur Bono a connu une extinction de voix. Cette tournée européenne est censée revêtir une dimension toute politique, selon les termes du chanteur lui-même.

Dans les colonnes du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 27 août, la rockstar annonçait en effet vouloir exploiter l'événement musical pour «réunir les cœurs» pour l'Union européenne (UE). «L'Europe est une pensée qui a besoin de devenir un sentiment», martelait-il. Conscient de s'adresser à un public rock pour qui l'agitation du drapeau de l'UE peut provoquer de la «gêne» ou de l'«ennui», l'indomptable chanteur affichait haut ses couleurs européennes : «Pour certains d'entre nous, c’est un acte radical.» 

Paul David Hewson, dit Bono, n'a pas tari pas d'éloges sur l'UE qui, selon lui, «a permis la diversité». Il n'a en outre pas oublié de rendre hommage aux «pères fondateurs» de l'Europe «qui ont rejeté après la Seconde Guerre mondiale l’idée que nos différences étaient tout ce qui nous définissait».

Par ailleurs, l'artiste de 58 ans a souligné sa volonté de fédérer. «L'Europe est notre futur», a-t-il affirmé, ajoutant toutefois, au sujet du contexte politique européen : «Je dis notre futur car il est impossible de nier que nous sommes ensemble dans ce bateau, dans des mers agitées par des conditions météorologiques et des politiques extrêmes». 

La souveraineté vue par un adepte de l'optimisation fiscale

Dans sa déclaration d'amour à l'UE, le chanteur affirmait également être attaché à la notion de souveraineté... qui, selon lui, se voit renforcée par l'appartenance à l'UE : «Si la définition de la souveraineté est le pouvoir d’un pays à se gouverner, l’Irlande a vu que travailler avec d’autres nations nous donnait un pouvoir plus grand que celui que nous pouvions exercer par nous-mêmes et une plus grande autorité sur notre propre destin.»

Une «autorité» que Dublin semble toutefois avoir du mal à exercer sur certains de ses concitoyens tentés par l'optimisation fiscale... tels que Bono lui-même. Les pratiques dont il a fait preuve en la matière ont été épinglées, fin 2017, dans le cadre du scandale des Paradise Papers.

Le groupe U2, en tout état de cause, ne semble pas fâché avec la libre circulation des capitaux, l'un des principes fondateurs de l'Union européenne : en 2006, le groupe de musique irlandais avait essuyé les critiques de l'opinion publique après avoir transféré une partie de ses finances vers les Pays-Bas pour payer moins d'impôts.

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