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Sergueï Lavrov estime que Damas a le droit de «liquider les foyers restants de terrorisme»

Dans un contexte de tensions croissantes entre d'une part les Occidentaux et d'autre part la Russie et la Syrie, le ministre russe des Affaires étrangères a mis en garde contre une instrumentalisation des groupes armés opposés à Damas.

Tandis que la situation se tend dans le nord de la Syrie, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait le point sur les enjeux et rappelé les grandes lignes de la position russe. Cité par Reuters, le chef de la diplomatie russe a rappelé que le gouvernement syrien avait parfaitement le droit de combattre les groupes djihadistes. «Il reste encore la tâche de liquider les foyers restants de terrorisme, avant tout dans la zone de désescalade d'Idlib», a-t-il martelé.

Sergueï Lavrov faisait ainsi écho aux déclarations de son homologue syrien Walid Mouallem, en visite à Moscou, qui a rappelé pour sa part la volonté de Damas de «libérer tout le territoire syrien» de l'emprise des groupes armés antigouvernementaux.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont de nouveau averti le président Bachar el-Assad qu'ils ne laisseraient impunie aucune utilisation d'armes chimiques, liant cette accusation, comme lors de la bataille de la Ghouta, à l'offensive qui semble se préparer contre les rebelles retranchés à Idlib.

Il reste encore la tâche de liquider les foyers restants de terrorisme, avant tout dans la zone de désescalade d'Idlib

Parmi ceux-ci, on compte les combattants islamistes de Hayat Tahrir al-Cham, groupe djihadiste issu de la fusion en janvier 2017 de six autres groupes, dont Fatah al-Cham, nouveau nom depuis 2016 du Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda. Cette filiation n'échappant pas à la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a exhorté les Occidentaux, qui ont longtemps vu dans le Front al-Nosra une composante de la rébellion à même de contribuer au changement de régime en Syrie, à ne pas utiliser les djihadistes comme des «pions» sur l'échiquier géopolitique.

Les Etats-Unis et la Russie redoutent une possible attaque chimique en Syrie... mais pas des mêmes auteurs

Le 22 août, le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton avait en effet brandi la menace d'une frappe américaine, prévoyant déjà une utilisation supposée d'armes chimiques par Damas dans le cadre d'opération militaires à Idlib.

L'ambassadeur de Russie à Washington, Anatoly Antonov, a pour sa part mis en garde les Etats-Unis le 30 août «contre une nouvelle agression illégale et sans fondement contre la Syrie». L'escalade en Syrie va à l'encontre des intérêts nationaux de chacun», a-t-il estimé, ajoutant que Washington ne devait pas se contenter d'accuser à l'avance Damas de recourir à des armes chimiques sans produire de preuves à l'appui.

Ce 31 août, Sergueï Lavrov a lui aussi fait état d'une possible mise en œuvre de produits chimiques dans la région d'Idlib. Sur ce point Moscou diverge totalement de la position de Washington et évoque la possibilité d'attaques chimiques sous faux drapeau.

Trois jours plus tôt, le 28 août, le ministère russe de la Défense, par la voix du général Alexeï Tsygankov, avait assuré qu'un stock important de produits chimiques avait été livré aux rebelles du groupe Ahrar al-Sham à Idlib, avec l'aide de l'organisation controversée des Casques blancs afin de mettre en scène une attaque chimique. Selon Moscou, celle-ci permettrait ainsi de pointer du doigt la culpabilité du gouvernement syrien et à d'organiser une nouvelle intervention militaire.

Moscou a également pointé du doigt une augmentation des effectifs de l'armée américaine dans la région, possiblement en prévision d'une attaque contre les forces syriennes. La Russie a annoncé que des manœuvres navales auraient lieu du 1er au 8 septembre en Méditerranée, en raison de la situation tendue dans la province d'Idlib. Malgré cette montée des tensions Sergueï Lavrov veut laisser la porte ouverte au dialogue avec les Etats-Unis.

Alexandre Keller

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