Si le nombre d'homicides et de faits divers de nature raciste a explosé en Afrique du Sud ces dernières années, le pays pourrait franchir un nouveau seuil qui ressemblerait de plus en plus à une guerre civile de nature ethnique.
«Nous prendrons les terres par la force», a menacé Peter Seolela, un homme politique noir, membre du parti d'extrême gauche des Combattants pour la liberté économique. «Nous ne nous embarrasserons pas. C'est notre terre et nous la reprendrons», a-t-il ajouté dans un reportage publié le 29 août par le média britannique ITV, qui évoque un «champ de bataille» en Afrique du Sud.
Cette déclaration inquiétante fait suite à la rébellion de fermiers blancs face à la perspective d'une expropriation de leurs terres, qui pourrait être inscrite dans la Constitution sud-africaine par le parti du Congrès national africain (ANC), dont Nelson Mandela fut le président. Annoncée le 31 juillet dernier par l'actuel chef de l'Etat sud-africain Cyril Ramaphosa – également issu de l'ANC – la modification de la Constitution devrait accélérer l'expropriation sans compensation des terres arables et leur redistribution en faveur de la population noire du pays.
Le 20 février 2018, dans son discours sur l'état de l'Union, Cyril Ramaphosa avait déjà promis de saisir les terres arables détenues par les fermiers blancs depuis le 17e siècle afin qu'elles soient redistribuées à des fermiers noirs. Il avait ainsi affirmé vouloir «soigner les divisions du passé, pour établir une société basée sur des valeurs démocratiques, la justice sociale et les droits de l'homme».
Alexandre Keller