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Allemagne : une statue dorée du président turc déboulonnée après des heurts

Les organisateurs de la biennale artistique de la ville allemande de Wiesbaden avaient pensé provoquer le débat en installant une statue du président Erdogan. Après deux jours d'échauffourées, la ville s'est vu obligée de retirer la statue.

L’installation géante et subversive qui agitait la petite ville de Wiesbaden en Allemagne n’est plus. Une statue dorée de quatre mètres de haut du président turc Recep Tayyip Erdogan y avait été érigée à l'occasion de la biennale d'art contemporain de cette ville qui jouxte Francfort. Après des actes de vandalisme et des échauffourées, la municipalité l’a fait retirer en catimini dans la nuit du 28 au 29 août, pour des raisons de «sécurité».

L'annonce du démantèlement a été publiée sur le compte Twitter de la ville après deux jours de remous.

Les organisateurs de cette biennale d'art, dont le théme cette année était «les mauvaises nouvelles», avaient cru bon d’installer cette imposante statue d’un Erdogan bras levé, index pointé, pour provoquer et appeler au débat. Mais les riverains ont pris cette démarche au premier degré et se sont rapidement attaqués à la statue.

«Hitler turc» inscrit au marqueur, «Va te faire f***» griffonné sur la face avant de la statue, pénis dessiné à la peinture verte, les citoyens n’ont pas épargné l'œuvre contestée représentant le président turc. Un cierge accompagné du panneau «liberté de la presse» a également été déposé au pied de la statue. 

Détracteurs et partisans du président turc se sont même affrontés au pied de la statue le 28 août au soir, le responsable de la sécurité de la ville, Oliver Franz a même noté la présence de couteaux.

Une installation surprise d'une personnalité peu populaire

Les autorités de la ville, si elles avaient bien autorisé l'installation d’une «statue à forme humaine», ignoraient qu’il s’agissait de Recep Tayyip Erdogan.

Certains habitants ont toutefois défendu le message de cette œuvre. L'un des directeurs du théâtre municipal, Uwe Laufenberg, a estimé que l'installation artistique n'était pas en contradiction avec les principes démocratiques. «Nous avons érigé cette statue pour parler d’Erdogan», a-t-il déclaré, ajoutant qu’en démocratie, on devait être ouvert à différents points de vue. D’autres personnes interrogées dans la ville ont contesté la démarche, se demandant si Hitler allait être le suivant.

Un responsable local du parti nationaliste Alternative pour l'Allemagne (AfD), Emil Sänze, s’est plaint de «la bêtise» des organisateurs du festival qui «offrent une scène à un despote qui passe son temps à humilier les Allemands».

Ces atermoiements autour de la statue controversée surviennent dans une période de tensions entre la Turquie et l’Allemagne, où vivent plus de trois millions de personnes d'origine turque.

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