Les nouveaux parlementaires de l'ancienne guérilla des FARC ont fait leur entrée le 21 juillet au Parlement colombien, dominé par la droite du président élu Ivan Duque, très critique à l'égard de l'accord de paix passé entre le gouvernement et les FARC.
«Voici, pour la première fois, cinq sénateurs et cinq représentants du parti Force alternative révolutionnaire commune, né du démantèlement et du désarmement des FARC [l'ex-guérilla au même acronyme : Forces armées révolutionnaires de Colombie]», a déclaré le président sortant Juan Manuel Santos lors de l'installation du Parlement qui légiférera pour les quatre prochaines années.
«Mesdames et messieurs les parlementaires du parti FARC : maintenant que vous avez déposé les armes, maintenant que vous avez accepté de contribuer à la vérité et accepté la justice transitionnelle, maintenant que vous avez juré de respecter notre Constitution et les normes et principes de notre république : bienvenus dans ce temple de la démocratie !», a ajouté le président.
Si l'accord de paix de 2016, qui a mis fin à un demi-siècle de conflit, garantissait dix sièges au parti FARC (cinq au Sénat, cinq à la Chambre des représentants), seuls sept étaient en effet finalement occupés ce jour-là par les anciens guérilleros.
Le numéro deux des FARC, Ivan Marquez, ancien négociateur en chef de l'accord pendant les pourparlers à Cuba, n'a pas pris ses fonctions, arguant de la «défiguration» de l'accord de paix et en solidarité avec son camarade Jesus Santrich, détenu à Bogota et dont l'extradition est réclamée par les Etats-Unis pour trafic de drogue. Byron Yepes a lui refusé sa charge invoquant des problèmes de santé. L'avenir de leurs sièges n'est pas encore défini.
Symbole d'une paix précieuse mais controversée
Parmi les présents se trouvaient les ex-chefs rebelles Carlos Antonio Lozada et Pablo Catatumbo, ainsi que deux femmes : Victoria Sandino et Sandra Ramírez, compagne de Manuel Marulanda, dit Tirofijo, fondateur et commandant en chef des FARC, décédé en 2008 à 79 ans.
«La paix ouvre des possibilités de faire entendre des voix alternatives au Congrès de la République», a déclaré Carlos Antonio Lozada.
«Ce jour restera dans l'histoire comme le jour où les gens du peuple sont entrés au Congrès avec les hommes et les femmes des FARC», a écrit sur Twitter Rodrigo Londoño, dit Timochenko, le chef de l'ancienne guérilla.
Juan Manuel Santos, qui quittera la présidence le 7 août, a demandé au Parlement de protéger le pacte de paix qui a abouti au désarmement de quelque 7 000 guérilleros et a déjà évité 3 000 morts : «Prenez soin de la paix qui naît ! Parce que c'est le bien le plus précieux qu'une nation puisse avoir», a-t-il lancé.
Le sénateur Antanas Mockus, ancien maire de Bogota et opposant au président élu Ivan Duque, a quant à lui interrompu le discours du président sortant du Sénat... en montrant ses fesses. Acte de protestation dont il a le secret : en 1993, alors recteur de l'Université nationale de Bogota, ce philosophe et mathématicien de 66 ans avait déjà tombé culotte devant ses étudiants lors d'une assemblée houleuse.