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EN CONTINU : L'exposition d'un couple britannique au Novitchok ravive les tensions diplomatiques

L'empoisonnement au Novitchok d'un couple de Britanniques à Amesbury a provoqué un regain de tensions entre la Russie et le Royaume-Uni. Londres a demandé à Moscou de fournir des explications sur l'incident, qui assure n'avoir aucune information.

Jeudi 5 juillet

Le chimiste russe et fervent opposant à Vladimir Poutine résidant aux Etats-Unis, Vil Mirzaïanov, qui avait révélé l'existence du Novitchok, accuse la Russie d'avoir perpétré une nouvelle attaque à Amesbury afin de faire diversion et de «détourner l'attention» de l'affaire Skripal.

«Je pense que c'est une nouvelle attaque, sans lien physique avec la première», a-t-il expliqué dans un entretien téléphonique rapporté par l'AFP, ajoutant qu'il ne croyait guère à la thèse selon laquelle le couple hospitalisé il y a quelques jours ait pu être victime de résidus de Novitchok employé contre Sergueï Skripal et sa fille, le produit chimique résistant mal à l'eau.

«De voir que deux nouvelles personnes ont été exposées au Novitchok au Royaume-Uni est à l'évidence extrêmement inquiétant et je sais que la police va remuer ciel et terre lors de son enquête pour déterminer ce qui s'est passé», a déclaré le Premier ministre du Royaume-Uni Theresa May, lors d'un déplacement à Berlin le 5 juillet. 

Lors d'une conférence de presse le 5 juillet, Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, a déclaré que le gouvernement britannique devrait s'excuser pour ses accusations après l'empoisonnement au Novitchok de deux Britanniques à Amesbury, le 30 juin : «Le gouvernement de Theresa May et ses représentants auront à s'excuser pour tout ce qu'ils ont fait, auprès de la Russie comme auprès de la communauté internationale. Cela viendra plus tard, mais cela viendra».

La porte-parole de la diplomatie russe a également appelé la police britannique à ne pas céder aux «sales jeux politiques» : «Nous appelons les forces de l'ordre britanniques à ne pas céder aux sales jeux politiques commencés par certaines forces à Londres, et à enfin coopérer avec les forces de l'ordre russes pour cette enquête».

«Il est maintenant temps que l'Etat russe explique exactement ce qui s'est passé», a déclaré le ministre britannique de l'Intérieur Sajid David devant le Parlement le 5 juillet, à propos de l'empoisonnement de deux Britanniques au Novitchok. «Ce n'est pas une querelle avec la population russe. Ce sont les actions du gouvernement russe qui continuent de porter atteinte à notre sécurité et à celle de la communauté internationale», a ajouté Sajid Javid. «Il est totalement inacceptable que nos citoyens soient des cibles délibérées ou accidentelles ou qu'on déverse du poison dans nos rues, nos parcs, nos villes.»

Deux Britanniques, un homme de 45 ans et une femme de 44 ans, ont été hospitalisés le 30 juin à Salisbury, ville où Sergueï Skripal et Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en mars.

La police a d'abord évoqué un incident lié à la drogue mais Neil Basu, le chef de l'antiterrorisme britannique, a annoncé le 4 juillet au soir que le couple aurait été exposé à un Novitchok, «le même agent innervant» que celui utilisé contre les Skripal. Ces derniers avaient finalement pu quitter l'hôpital de Salisbury après plusieurs semaines d'un lourd traitement médical.

La police tente de déterminer où et comment les deux nouvelles victimes ont été empoisonnées alors que plusieurs sites avaient été décontaminés après l'affaire Skripal. Selon le ministre de l'Intérieur, «le couple est entré en contact avec l'agent neurotoxique dans un endroit différent des sites qui ont fait partie de l'opération de nettoyage initiale.» 

La Russie a assuré le 5 juillet ne pas disposer d'informations sur le nouvel empoisonnement et s'est dite «très préoccupés par l'utilisation répétée de telles substances en Europe».

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