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Crise migratoire : l'impasse de l'Union européenne

Le sommet de l'Union européenne qui se tient à Bruxelles les 28 et 29 juin devrait déboucher sur davantage de questions que de solutions sur le sujet de la crise migratoire qui divise nombre de pays membres.

Le sommet qui débute ce 28 juin à Bruxelles suscite bien des attentes sur la question migratoire, bien que, depuis déjà plusieurs semaines, les dirigeants européens préviennent qu'aucune solution n'y sera trouvée. Chronique d'un naufrage annoncé ? De nombreuses solutions sont pourtant avancées, mais elles restent floues, à l'instar de la suggestion de «plateformes de débarquement» en dehors du territoire européen.

Si la totalité des pays de l'Union européenne (UE) fait à présent bloc pour juguler l'afflux migratoire des arrivées irrégulières, c'est surtout la question du partage de l'accueil des migrants qui divise les nations européennes.

La lutte contre les migrations irrégulières fait d'ailleurs figure d'unique point de consensus entre les pays de l'UE, notamment grâce à l'accord migratoire UE-Turquie et au soutien des gardes-côtes libyens. A la sortie de ce sommet, les pays membres devraient essentiellement confirmer leur accord pour continuer dans cette voie. L'UE cherchera également à accentuer la pression sur les pays du continent africain afin qu'ils freinent les départs, mais aussi pour qu'ils acceptent plus de réadmissions de leur ressortissants.

Le renforcement de Frontex, l'Agence européenne des garde-frontières et de garde-cotes est également au programme pour l'Europe qui entend se doter d'une «véritable police des frontières» forte de 10 000 agents, alors qu'ils sont actuellement 1 300.

L'idée de débarquer des migrants secourus en mer dans des pays non-européens est aussi à l'agenda : les chefs d'Etat et de gouvernement sont appelés à soutenir «le développement du concept de plateformes régionales de débarquement», selon le projet de conclusions du sommet auquel l'AFP a eu accès. Pour ce faire, l'UE devra compter sur une implication accrue des pays d'Afrique du Nord, notamment la Tunisie qui est souvent évoquée pour accueillir les fameuses «plateformes», dont la compatibilité avec le droit international n'a pas encore été clairement établie.

En Allemagne, la tension est vive entre Angela Merkel et Horst Seehofer : pressée de toutes parts, la chancelière espère nouer des accords entre plusieurs pays pour pouvoir procéder à des renvois rapides, tandis que son ministre de l'Intérieur menace d'instaurer un refoulement unilatéral aux frontières pour lutter contre les «mouvements secondaires», c'est-à-dire les déplacements illégaux de migrants à l'intérieur de l'UE.

Pour endiguer ce phénomène, un projet a récemment été évoqué par la France et l'Espagne : créer des «centres fermés» au sein de l'UE et dans lesquels les migrants attendraient l'examen de leur cas. Rome, qui a toujours refusé l'idée de centres fermés, estime qu'il faudrait lui manifester plus de soutien dans la prise en charge des migrants plutôt que d'essayer d'éviter qu'ils ne quittent l'Italie.

La Commission propose quant à elle qu'en période de crise, comme en 2015, une répartition des demandeurs d'asile soit prévue ponctuellement. Mais cette proposition est jugée insuffisante par les pays méditerranéens, qui souhaitent pour leur part une répartition permanente.

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