Après l'odyssée de l'Aquarius et de ses 629 migrants, à qui Malte et l'Italie ont refusé le droit d'accoster, finalement accueilli par l'Espagne, un autre navire humanitaire, le Lifeline, de l'ONG Mission Lifeline, est en passe de devenir un nouveau symbole du bras de fer entre pays européens sur la prise en charge des migrants en Méditerranée.
Trois semaines après l'entrée en fonction d'un gouvernement qui a promis de mettre fin à l'afflux de migrants, l'Italie a exclu de laisser le navire entrer dans un port italien et a dit vouloir vérifier la correspondance entre le pavillon néerlandais du bateau et sa nationalité. «Le Lifeline, un navire illégal avec 239 immigrants à bord, est dans les eaux maltaises», a écrit sur Facebook le ministre italien de l'Intérieur et chef de file de la Ligue, Matteo Salvini. «Rejoindre l'Italie, ils peuvent oublier. Je veux en finir avec le business du trafic et la mafia», a-t-il ajouté.
Rome accuse l'ONG d'avoir agi en contravention du droit international en prenant à son bord les migrants alors que les garde-côtes libyens étaient en train d’intervenir. Les autorités italiennes ont menacé de mettre sous séquestre le navire ainsi qu'un autre bateau, le Seefuchs, affrété par l'ONG allemande Sea-Eye.
«Situation semblable à celle de l'Aquarius»
«Nous attendons une solution diplomatique, des discussions sont en cours entre différents Etats», a de son côté affirmé à l'AFP Axel Steier, représentant en Allemagne de l'ONG allemande Lifeline à qui appartient le navire. Il doit y avoir le 24 juin un ravitaillement depuis Malte «pour apporter des couvertures, des médicaments, de la nourriture», a-t-il ajouté, assurant que le navire resterait dans les eaux internationales en attendant une solution. Axel Steier, qui dit craindre «une situation semblable à celle de l'Aquarius», soutient que «tous [les] documents sont en ordre, tout est légal» et assure ne pas «comprendre» ces accusations.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a toutefois affirmé le 22 juin que le Lifeline n'était pas un navire néerlandais : «Il ne figure pas dans le registre maritime néerlandais.» «Le Lifeline a enfreint les règles en ignorant les instructions de l'Italie», a pour sa part estimé sur Twitter le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, conseillant au navire de revenir à «sa destination initiale pour éviter une escalade».
La question de l'accueil des migrants sera au centre d'un mini-sommet le 24 juin à Bruxelles. Destiné à préparer le Conseil européen des 28 et 29 juin, il sera boycotté par les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie), partisans d'une ligne dure sur l'immigration. A la veille de ce mini-sommet, le président français Emmanuel Macron s'est dit favorable à l'établissement de sanctions financières pour les pays européens qui refuseraient d'accueillir des migrants.
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