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L'Italie craint que l'«arrogant» Macron ne devienne son «ennemi n°1» sur la question migratoire

Alors que les Européens se divisent sur la gestion des flux de migrants clandestins, les deux vice-présidents du Conseil des ministres italien, Luigi di Maio et Matteo Salvini, ont dénoncé les prises de position de Paris sur ce dossier.

A la veille d'un mini-sommet européen sur la question migratoire, boycotté par les Etats du groupe de Visegrad, Rome a émis de vives critiques sur la gestion de la question migratoire par Paris. L'Italie reproche à la France, en particulier, d'avoir proposé la création de centres de migrants sur les côtes méditerranéennes de l'Europe et notamment en Italie.

Ecoutez [le peuple français] et non ceux qui gagnent de l'argent sur la peau [des migrants]

Ainsi, le 23 juin, le chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) et ministre du Travail, Luigi di Maio, a écrit sur Facebook : «Les déclarations de Macron sur le fait que la crise migratoire n'existe pas en Italie montrent qu'il est complètement déconnecté de la réalité [...]». Martelant que l’«émergence migratoire» existait en Italie, le vice-président du Conseil des ministres a assuré que celle-ci était alimentée par les renvois français de clandestins à la frontière italienne.

Et Luigi di Maio d'ajouter : «Macron est en train de faire de son pays un candidat pour devenir l'ennemi numéro un de l'Italie sur cette urgence, [tandis que] le peuple français a toujours été solidaire et amical avec les Italiens. Ecoutez-le, et non ceux qui gagnent de l'argent sur la peau de ces gens.»

Si l'arrogance française pense transformer l'Italie en camp de réfugiés pour toute l'Europe, peut-être en versant quelques euros de pourboire, elle se fourvoie complètement

Le même jour, le ministre italien de l'Intérieur, également vice-président du Conseil des ministres, Matteo Salvini, s'en est lui aussi pris à l'attitude du président de la République française vis-à-vis de Rome sur la question migratoire. «Si l'arrogance française pense transformer l'Italie en camp de réfugiés pour toute l'Europe, peut-être en versant quelques euros de pourboire, elle se fourvoie complètement», a déclaré le leader de la Ligue, cité par sa porte-parole. 

Enumérant les chiffres d'arrivées des migrants en Italie et le coût que cela a représenté pour son pays, Matteo Salvini a dit s'étonner que cette situation ne soit pas considérée comme un problème pour «l'arrogant président français». «Nous l'invitons à arrêter les insultes et à démontrer sa générosité avec des faits en ouvrant les nombreux ports français et en arrêtant de refouler des femmes, des enfants et des hommes à Vintimille», à la frontière entre la France et l'Italie, a-t-il lancé. L'homme fort du gouvernement italien, omniprésent dans les médias ces derniers jours en raison de ses déclarations et décisions chocs à propos des migrants et des Roms, a pointé du doigt ce qu'il considère être une hypocrisie de la part de Paris : «Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi les leçons je les prends de qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera».

La France et l'Espagne ont proposé la création de centres fermés en Europe, dans lesquels les migrants attendraient l'examen de leur cas, essentiellement en Italie, principal pays d'arrivée actuellement, mais aussi en Espagne. De plus, le président français, lors d'une conférence avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez le 23 juin, a déclaré souhaiter des sanctions financières envers les pays de l'UE qui refusent d'accueillir les migrants.

Le 24 juin, en marge d'un mini-sommet européen sur la question migratoire, Emmanuel Macron a réitéré sa position, affirmant que la France, «deuxième pays d'accueil des demandeurs d'asile cette année» n'avait «de leçons à recevoir de personne». «N'oublions jamais nos valeurs, je serai intraitable sur ce point», a-t-il encore lancé.

Le climat entre Rome et Paris s'était déjà tendu lors de l'épisode de l'Aquarius, navire d'une ONG transportant quelque 600 migrants, que Rome a refusé d'accueillir. Emmanuel Macron avait à cette occasion dénoncé ce 12 juin, en Conseil des ministres, «la part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien», selon le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Ce à quoi le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, avait réagi en ces termes : «L’Italie ne peut accepter de leçons hypocrites de pays qui ont toujours préféré détourner la tête lorsqu'il s’agit d’immigration.»

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