Les deux journalistes Markus Beckedahl et Andre Meister qui travaillent pour le site Netpolitik.org.news font l’objet d’une enquête pour avoir publié des informations relatives à l’extension des moyens dont disposeront les services allemands de renseignement pour surveiller l’activité des citoyens sur internet et les réseaux sociaux.
Devant le tollé qu’a suscité cette affaire dans l’opinion allemande – d’importants messages de soutien pour les journalistes et de vives critiques contre les autorités – l’enquête a été suspendue. Et certains affirment aujourd’hui que c’est «pour le plus grand bien» de la protection de la liberté de la presse.
Hier, plus de 2 000 personnes se sont rassemblées dans les rues de Berlin pour protester contre les accusations qui visent les deux journalistes. Ils ont marché de la Friedrichstrasse, rue du centre de la capitale allemande, en direction du ministère de la Justice en scandant : «Pour les droits fondamentaux et la liberté de la presse». Ils portaient aussi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «RIP la démocratie», «Luttez pour vos droits numériques», «Trahison ? Celui qui panique tellement, a beaucoup à cacher !».
La manifestation s’est déroulée dans le calme. Les participants n’ont pas dévié de l’itinéraire prévu, a fait savoir le porte-parole de la police allemande.
Le site Netzpolitik.org avait lancé un appel public pour être soutenu après avoir reçu, le 29 juillet, une lettre du procureur général de l’Allemagne, Harald Range, qui l’informait officiellement de l’ouverture d’une enquête contre ses deux journalistes.
C’est l'Office fédéral de la protection de la Constitution (BfV), l’agence de renseignement intérieur allemand qui a porté plainte à la suite de la publication d’articles les 25 février et 15 avril derniers. Ces articles relataient une augmentation de 2,75 millions d’euros du budget du BfV, une somme destinée à l’expansion de la surveillance en ligne, et plus spécialement des réseaux sociaux.
Le délit de deux journalistes Markus Beckedahl et Andre Meister tombe sous le coup de l’article 94 du code pénal allemand, ce que signifie qu’ils pourraient être condamnés à au moins un an de prison ou au maximum à perpétuité.
A son tour, l’association de la presse allemande, a accusé le procureur fédéral de harcèlement. Des milliers d’utilisateurs de Twitter ont utilisé le hashtag #Landsverrat pour exprimer leur solidarité avec les journalistes.
Vue de la forte réaction publique, Harald Range a déclaré au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung que «l’investigation sera suspendue jusqu’à la publication d’un rapport d’experts».