Le net allemand s’indigne après que deux bloggeurs aient été accusés de trahison d’Etat
Les internautes ont soutenu deux journalistes d’un site allemand d’informations accusés de trahison d’Etat pour avoir révélé les plans de surveillance en ligne des autorités. L’enquête a été suspendue vendredi, peu après avoir été rendue publique.
La justice allemande a suspendu l’enquête qu’elle menait sur le site Netpolitik.org.news, dont des journalistes ont été accusés de citer un rapport du renseignement «pour le plus grand bien» de la protection de la liberté de la presse, selon Reuters.
Le procureur fédéral Harald Range a confié au Frankfurter Allgemeine Zeitung que «l’enquête sera suspendue avant que le rapport d’experts ne soit présenté».
L’enquête avait été lancée après que l'Office fédéral de la protection de la Constitution (BfV), l’agence de renseignement intérieur allemand, a déposé une plainte contre des articles publiés sur le blog politique et technique Netzpolitik.org les 25 février et 15 avril derniers. Ces articles portaient sur une augmentation de 2,75 millions d’euros du budget du BfV. Une somme destinée à l’expansion de la surveillance en ligne, et plus spécialement des réseaux sociaux.
Ermittlungen wegen Landesverrat vs Ausgezeichneter Ort der Bundesregierung im Land der Ideen. pic.twitter.com/TYnyHi9vZf
— netzpolitik (@netzpolitik) 30 Juillet 2015
Le site Netzpolitik a été officiellement informé de l’existence de cette enquête par une lettre du procureur général de l’Allemagne qu’il a reçue mercredi.
Les journalistes Markus Beckedahl et Andre Meister ont été accusés d’un délit tombant sous le coup de l’article 94 du code pénal allemand, ce que signifie qu’ils pourraient être condamnés à au moins deux ans de prison.
#Landesverrat in a nutshell pic.twitter.com/WhIkorkmSp
— Deuterium (@RealDeuterium) 31 Juillet 2015
«C’est une tentative d’entraver les médias qui publient des matériaux compromettants, mais c’est aussi une tentative de faire pression sur les sources pour éviter des fuites dans le futur», a confié Andre Meister au site TheLocal en ajoutant que l’enquête était «absurde» et «un coup dur porté à la liberté de presse dans le pays».
Letzte Ermittlungen wegen #Landesverrat waren vor 50 Jahren. Aus Protest traten damals alle FDP Bu-Minister zurück. pic.twitter.com/kPTpFyBSWk
— Sebastian Jabbusch (@SebJabbusch) 30 Juillet 2015
«Nous continuerons de publier des documents lorsque nous estimons que leur publication relève de l’intérêt du public», a poursuivi le journaliste.
An English language update by @headhntr about the unbelievable and wrong @netzpolitik treason charges: https://t.co/tXD5uRggZP#Landesverrat
— Jacob Appelbaum (@ioerror) 31 Juillet 2015
DJV, l’association de presse allemande, a accusé le procureur fédéral de harcèlement. Des milliers d’utilisateurs de Twitter ont utilisé le hashtag #Landsverrat pour exprimer leur solidarité avec les bloggeurs.
Neues Shirt für @netzpolitik. Gewinn wird gespendet! http://t.co/Ny5krNoA0D#DE62430609671149278400#Landesverratpic.twitter.com/nWXSM4s14b
— getDigital Team (@getDigital_de) 31 Juillet 2015
En attendant, le ministre allemand de la Justice Heiko Maas a déclaré vendredi qu’il «avait des doutes» quant à savoir si les journalistes avaient l’intention de porter atteinte à l’Etat allemand ou d’«aider une puissance étrangère».
Fight for your digital rights! #netzpolitik#vsleaks#landesverrat@netzpolitikpic.twitter.com/8GJTg92zL0
— Ulf Buermeyer (@vieuxrenard) 30 Juillet 2015