Tommy Robinson, né Stephen Yaxley-Lennon, est un militant identitaire anglais, connu dans son pays pour avoir co-fondé en 2009 l'English defence league (EDL), un mouvement combattant l’islam radical et la charia, la loi religieuse musulmane, en Angleterre. Ce dernier a été emprisonné en mai après avoir diffusé sur les réseaux sociaux les détails d'un procès qui était soumis à une interdiction de publier émise par la justice britannique. S'il a quitté la tête de l'EDL en 2013 en confiant qu'il ne pouvait plus contenir ses «éléments extrémistes», Tommy Robinson est resté très actif au sein de l'alt-right [la droite alternative] britannique.
Son dernier coup d'éclat est la diffusion en direct le 25 mai sur son compte Facebook de l'arrivée devant un tribunal de Leeds de membres supposés d'un gang d'hommes d'origine indo-pakistanaise. Cette vidéo cumule à ce jour près de quatre millions de vues.
Arrêté et condamné à 13 mois de prison en l'espace de cinq heures
En diffusant l'arrivée des accusés au procès, qui serait lié selon ses dires au scandale de pédophilie de Telford, Tommy Robinson a enfreint la reporting restriction, une disposition de la loi britannique qui stipule qu'il est interdit de couvrir une affaire judiciaire en cours. Une interdiction qui, dans le cadre de la présomption d’innocence, a pour but de protéger les accusés en ne révélant pas le lieu où se tient leur procès. Elle vise également à éviter que les jurys ne soient influencés par les médias.
Tommy Robinson, interpellé le 25 mai par la police devant le tribunal de Leeds, faisait déjà l'objet d'une condamnation avec sursis pour la couverture d'un procès pour viol en réunion à Canterbury, en mai 2017. Il avait été averti par un juge qu'il risquait la prison s'il commettait de nouvelles infractions. Après avoir plaidé coupable, il a aussitôt été condamné à dix mois de prison pour outrage au tribunal (avoir enfreint l’interdiction judiciaire de faire de la publicité du procès) et trois mois supplémentaires pour avoir enfreint sa peine précédente, moins de cinq heures après son interpellation.
Les soutiens de Tommy Robinson considèrent donc son arrestation comme une atteinte à la liberté d’expression.
Une importante vague de mobilisation s'est levée, d'autant plus que les médias britanniques ont eu l’interdiction de couvrir cette affaire jusqu'à l'après-midi du 29 mai. Seuls The Independent et The Sun s'y sont risqués.
Des deux côtés de la Manche, les milieux identitaires se sont fortement mobilisés sur les réseaux sociaux. Dès le 26 mai, une mobilisation spontanée avait d'ailleurs eu lieu devant le 10 Downing Street, résidence du Premier ministre Theresa May, restée silencieuse.
Certains parlementaires britanniques se sont aussi émus de l'arrestation du militant. «Quel genre d’Etat policier sommes-nous devenus ? », s’est par exemple indigné Gerard Batten, leader du parti souverainiste UKIP et député européen, le 27 mai.
En Allemagne, le député du parti populiste de droite Alternative für Deutschland (AfD), Petr Bystron, a même proposé l'asile politique au Britannique, le 28 mai. «J'appelle le gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, l'Union européenne et toutes les organisations des droits de l'homme [...] à réclamer la libération de Tommy Robinson et à lui accorder l'asile politique en Allemagne», a-t-il ainsi fait savoir sur son compte Twitter.
Une indignation qui a également franchi l'Atlantique, le fils du président américain Donald Trump tweetant le 27 mai son soutien aux demandes de libération de Tommy Robinson.
En France, des députés de Les Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) ont relayé l'information.
Mobilisation d'ampleur en Grande-Bretagne
Une pétition demandant à Theresa May la libération de Tommy Robinson a en outre recueilli plus de 600 000 signatures à ce jour. A Paris, plusieurs personnalités de la mouvance identitaire française, dont l'essayiste et théoricien du «grand remplacement» Renaud Camus, avaient appelé à manifester le 4 juin. Une centaine de protestataires ont alors répondu présent.
A Londres, une importante manifestation a réuni plusieurs centaines de personnes le 9 juin. Ces dernières ont bloqué l'une des principales rues près de Trafalgar Square dans le coeur de la capitale, scandant «Libérez Tommy Robinson !» et lançant des fumigènes en direction de la police.
Le néerlandais Geert Wilders, connu pour ses prises de positions virulentes contre l'islam, y a participé et a tenu un discours devant les manifestants. Faisant référence à l'incarcération de Tommy Robinson, il a fustigé «une folie» et une «violation de la liberté d’expression» des critiques de l’islam.
Dernier épisode en date, Tommy Robinson aurait été transféré de la prison de Leeds vers un autre lieu d'incarcération très majoritairement peuplé de détenus musulmans, selon Valeurs Actuelles. Ces derniers l'auraient accueilli avec sifflets et menaces.
En mars dernier, la militante canadienne Lauren Southern avait été interdite d'entrée au Royaume-Uni, à l'instar de deux militants identitaires américains, Michael Savage et Pamela Geller, qui critique ouvertement l’islam radical.