International

Un islamiste radicalisé nommé Meetoo à l'origine de l'annulation de la Gay Pride de l’île Maurice

L'annulation de la 13e Gay Pride de l’île Maurice par des manifestants anti-homosexuels est l'œuvre d'islamistes dont l'inspirateur serait le radicalisé Javed Meetoo.

Qui sont les manifestants ayant empêché la tenue de la 13e édition de la Gay Pride le 2 juin à Port-Louis à l'île Maurice ? Qualifiés pudiquement d’«opposants», ces hommes qui brandissaient des pancartes «l’homosexualité est la bestialité» et scandaient «Allah Akbar» étaient menés par un islamiste tristement célèbre dans l’île depuis plusieurs années. Javed Meetoo, le prêcheur radical est en effet régulièrement épinglé par la presse locale.

Les autorités de l'île ont été vivement critiquées pour ne pas avoir arrêté le prédicateur, venu empêcher la Gay Pride. Car le Mauricien était déjà dans le viseur des autorités locales, mais également dans celui d’Interpol, qui l’accusent d’avoir voulu rejoindre l’Etat islamique en Syrie. Arrêté en 2015 avec toute sa famille à la frontière turco-syrienne, d’où il prétendait vouloir gagner la Mecque pour un pèlerinage, il a été contraint de se réinstaller à l’île Maurice.

Depuis son retour en 2015, il clame dans la presse et devant ses ouailles que l’île devrait devenir un «Etat islamique» respectant à la lettre les lois de la charia, comme il l'explique sur ses différents sites internet. Selon lui, le califat, qui apporterait des aides sociales, bénéficierait à tous, musulmans ou non. Javed Meetoo est régulièrement critiqué et interpellé dans la presse mauricienne qui redoute que ses prises de positions radicales mettent à mal l’équilibre fragile de la société multiculturelle de l’île.

L’homme, qui «dément catégoriquement» avoir voulu faire le djihad, est aussi suspecté d’avoir poussé des Mauriciens à rejoindre les rangs de l’Etat islamique et d’avoir facilité leur départ en Syrie. Son propre frère Reaz Lauthan, serait mort au combat en 2013 en Syrie, selon les médias de l'île.

Actuellement, le prédicateur vit à Port Louis avec femme et enfants. Il œuvre au sein de la communauté religieuse qu’il a créé, Abu Faaris, se rapproche d’autres organisations islamiques et fait de la propagande en ligne pour une charia mauricienne. Les dimanches et jours fériés, ses adeptes distribuent des brochures dans toute l'île et font du porte à porte dans les communautés musulmanes. Ils prêchent et organisent la prière en plein air. Son discours, qui s’est durci au fil des années, incite à venger «le sang de ses frères» de l’Etat islamique morts durant la guerre. 

Avant cela, selon le site d'information Zinfos974, qui fait référence à David H. Ucko, directeur du Programme de lutte contre le terrorisme (CTFP), Javed Meetoo avait étudié au Pakistan, puis s’était rendu en Afghanistan, pour donner des conférences aux étudiants sous la direction des Talibans. Il a également enseigné la religion à l'Académie des études supérieures de Doha à Maurice. Il s’est aussi rendu plusieurs fois en Turquie prétendant y assurer un «travail humanitaire» avec les réfugiés syriens.

Opposant déterminé aux communautés LGBT, l'extrémiste était déjà venu semer le désordre lors de la marche des fiertés en 2017. Les qualifiant de «groupe malpropre», il n’avait pas hésité à les mettre en cause dans la survenue de catastrophes naturelles comme les d’inondations meurtrières en 2013, assurant que les homosexuels pourraient mettre le «Créateur en colère». En 2018, sa détermination a eu raison de leur défilé.

Lire aussi : Ukraine : des ultranationalistes ont essayé de bloquer le passage de la gay pride de Kiev (VIDEO)